Le rapport Pisa, rendu en décembre à Vincent Peillon, pointait les inégalités géographiques dans la réussite scolaire. Le ministre de l’Education doit détailler jeudi sa réforme pour y remédier. Et cela passe par l’amélioration de l’attractivité des zones d’éducation prioritaires (ZEP) auprès des enseignants. L’objectif est de stabiliser les équipes afin de "donner à ceux qui ont le moins les mêmes chances de réussite", selon les vœux du ministre de l’Education. Selon les informations d’Europe 1, le ministère va débloquer une enveloppe de 350 millions d'euros.
De meilleures conditions de travail. Le problème des ZEP réside dans la très grande rotation des enseignants. La plupart des professeurs qui arrivent dans ces établissements en difficulté sont débutants. Alors, le gouvernement souhaite favoriser des "actions pédagogiques innovantes", comme le travail en petit groupe, l’aide au devoir. Au collège Albert Camus de Meaux, ces projets ont déjà pris forme et deux enseignantes sont dans la classe de 6e, comme l’explique Sandrine Brunet au micro d’Europe 1 : "Ca nous permet d’individualiser l’aide que l’on apporte aux élèves pour les guider sur des points précis", explique le professeur. Le ministère souhaite développer le travail en équipe pour mieux fidéliser les profs.
>> A lire aussi : L’école privée accusée de discrimination
Des professeurs mieux payés. Les enseignants les plus expérimentés possèdent suffisamment de points pour demander des mutations dans des zones moins contraignantes. Les plus jeunes, gagnent moins et ne peuvent pas briguer ces postes, mais lorsqu’ils sont en ZEP, ils touchent des indemnités. Le gouvernement souhaite les revaloriser. Jusqu’à les doubler, selon les informations d’Europe 1, ce qui pourrait représenter 2.400 euros par mois. En plus, le ministère pourrait accorder des décharges horaires. En décembre, suite au rapport Pisa, Vincent Peillon avait déjà annoncé que chaque heure de cours serait comptabilisée comme 1,1 heure, sachant que les instituteurs effectuent 24 heures de classe par semaine et les professeurs certifiés 18 heures.
>> A lire aussi : Les inégalités sociales, c’est dès la crèche
Du personnel en renfort. Les enseignants ne sont pas les seuls à être déployé en plus grand nombre dans les ZEP. Vincent Peillon doit également annoncer des renforts d'assistants d'éducation, d'assistants de prévention et de sécurité et aussi d'infirmières scolaires. L’objectif affiché en Conseil des ministres mercredi est d’avoir dans tous les collèges de ZEP, les élèves de 6ème "pris en charge de façon continue jusqu'à 16h30 grâce à des recrutements d'assistants d'éducation permettant de leur proposer des activités pédagogiques et éducatives en petits groupes lorsqu'ils n'ont pas cours".
Une assurance : "qu'aucun réseau" n'y perdra. Accorder plus de moyen aux réseaux d'éducation prioritaire ne risque-t-il pas de se traduire par une réduction de leur nombre ? "Non, le périmètre de l'éducation prioritaire demeure équivalent, autour de 1.000 réseaux. Toute l'éducation prioritaire est concernée par la réforme. On va même légèrement augmenter le nombre de réseaux qui bénéficieront de mesures renforcées", a tenu à rassurer le ministre Vincent Peillon, jeudi dans les colonnes du Parisien.
Une mise en place progressive. Selon le compte-rendu du Conseil de ministres, la réforme sera d'abord expérimentée "sur une centaine de réseaux préfigurateurs" (écoles et collèges) à la rentrée 2014, puis elle essaimera à la rentrée 2015 dans "un millier de réseaux dont 350 regrouperont les situations les plus difficiles". Les réseaux "établiront des projets pérennes" et auront "dans la durée les moyens pour les mettre en oeuvre", a promis le ministre de l’Education.
ZOOM - Classement Pisa : mauvaise note pour l’école française
POLEMIQUE - Ce controversé classement Pisa
PRESENTATION - Pisa ou l’art de classer les systèmes scolaires
ZOOM - Réforme des rythmes scolaires : premier bilan positif
FACT-CHECKING - La France investit-elle de moins en moins dans l’éducation ?