Elles ont le sentiment d'avoir échappé de si peu à la mort. Trois jeunes femmes ont témoigné jeudi au procès de Bruno Cholet, le faux chauffeur de taxi accusé du meurtre de Susanna Zetterberg, une étudiante suédoise retrouvée morte en avril 2008. Les trois témoins ont accablé ce délinquant multirécidiviste de 55 ans, déjà condamné notamment pour viols.
C'est en février 2008 qu'Héléna Perez a été prise en charge par le faux taxi de Bruno Cholet. Aujourd'hui âgée de 30 ans, elle raconte à la barre l'angoisse ressentie cette nuit-là. Se rendant compte qu'elle se trouvait dans un faux taxi, elle aurait demandé à descendre du véhicule, ce que le chauffeur aurait refusé. "Je me suis dit que j'allais finir dans une cave", affirme cette jeune femme brune aux cheveux longs.
"Je me sentais menacée"
"On a fait le tour de Paris… ça m'a semblé être une éternité", ajoute-t-elle, précisant que Bruno Cholet avait "une casquette, des gants, un pic à glace et pas de compteur". "Alors, oui, je me sentais menacée", lance-t-elle. Héléna Perez précise même avoir laissé une boule de ses cheveux dans la voiture. "Je me suis dit que même si j'étais morte, ça servirait peut-être à attraper la personne plus tard".
L'accusé, lui, ne nie pas avoir pris en charge la jeune femme. Mais il jure qu'Héléna Perez avait refusé de payer sa course une fois arrivée à destination, et assure que ce qu'elle avait pris pour un pic à glace n'était qu'un stylet utilisé pour actionner son GPS.
Un "regard froid"
Fin 2007, Caroline Balensi, est elle aussi montée dans le véhicule de l'accusé, de nuit. Cette jeune femme de 35 ans évoque au tribunal le "regard froid" de Bruno Cholet dans le rétroviseur, un regard "qui [la] gênait beaucoup". Elle aussi reproche au chauffeur clandestin de ne pas l'avoir conduite directement à destination, en cette nuit de fin 2007. "Il s'est engagé sur le périphérique, j'ai eu très peur, j'ai vu qu'il ne me ramenait pas chez moi". La jeune femme reconnaît toutefois ne pas avoir été menacée directement. "Il disait qu'il était bien avec moi", se souvient-elle.
Là encore, Bruno Cholet admet avoir eu Caroline Balensi comme cliente. "A part ça, tout le reste, franchement, c'est pas commercial. Même si je veux draguer une femme, on demande pas son nom, son téléphone, d'entrée de jeu", soutient l'accusé.
Bruno Cholet dénonce une manipulation
Il assure en revanche ne pas connaître Emilie Palis, 25 ans. C'est pourtant grâce à son témoignage spontané que les policiers ont pu établir un portrait-robot du meurtrier présumé de Susanna Zetterberg. Exactement comme l'étudiante suédoise une semaine plus tard, la jeune femme au longs cheveux blonds avait pris un taxi à la sortie de la boîte de nuit la Scala, en plein centre de Paris. Elle est immédiatement sur ses gardes, quand le chauffeur lui fait "une proposition tendancieuse d'ordre sexuel". La voiture prend ensuite la direction inverse à sa destination. "Je suis sortie très vite de la voiture, à un feu rouge", explique Emilie Palis, qui a présenté au procès une version légèrement différente de celle racontée pendant l'enquête.
La défense de l'accusé n'a d'ailleurs pas manqué de souligner ce point. Bruno Cholet, qui encourt la réclusion à perpétuité, clame en effet son innocence et accuse la police d'avoir fabriqué des preuves contre lui.