"Pour la tranquillité du voisinage et le souvenir de [leur] mère", deux soeurs avaient refusé de vendre la maison dont elles venaient d'hériter à un couple d'origine algérienne. Elles ont été condamnées mardi par le tribunal correctionnel de Béthune pour discrimination.
La transaction annulée au dernier moment
En 2009, les soeurs mettent en vente la maison de leur mère qui vient de décéder. Un couple de trentenaires français d'origine algérienne fait une offre. Mais, alors que le compromis de vente est sur le point d'être signé par toutes les parties, la transaction est finalement annulée. Et la maison est vendue à un autre couple.
Peu après, la secrétaire de l'agence immobilière avait affirmé que l'une des soeurs lui avait demandé la nationalité des acheteurs potentiels. "Pour la tranquillité du voisinage et le souvenir de ma mère, je ne veux pas d'Arabes dans la maison", aurait dit la prévenue, selon la secrétaire. Lors de l'audience, l'intéressée a nié ces propos. Elle a néanmoins reconnu avoir posé la question de la nationalité mais assuré qu'il s'agissait d'une "maladresse", dénuée selon elle de toute intention discriminatoire.
La maison vendue à "de bons Français"
L'agent immobilier a déclaré que la seconde soeur lui avait expliqué qu'elle avait signé avec une autre agence, "cette fois-ci avec de bons Français". Des propos réfutés par cette dernière. Elle a expliqué que la seconde offre, du même montant de 125.000 euros, lui paraissait plus fiable, car émanant d'un couple qui était employé en contrat à durée indéterminée.
A l'audience, les deux prévenues ont présenté leurs excuses au couple, évoquant un "terrible malentendu". La plaignante s'est dite satisfaite que les deux soeurs aient été déclarées coupables. Selon elle, "il ne pouvait pas s'agir d'un malentendu", expliquant avoir eu le sentiment d'un "grand coup de marteau sur la tête" lors de cet événement "traumatisant pour l'ensemble de la famille".
Les deux soeurs devront verser 3.000 euros chacune, dont la moitié avec sursis, au couple. Elle sont également condamnées à leur verser solidairement 2.000 euros au titre du préjudice moral et 2.500 euros pour le préjudice financier. Le tribunal a également condamné les deux prévenues à verser 750 euros de dommages et intérêts à SOS Racisme, qui s'était porté partie civile.