Cette décision, plusieurs départements trop fragilisés financièrement l'ont déjà prise. Mais lorsque la Corrèze franchit à son tour le pas, c'est tout un symbole. L'ancien bastion de François Hollande, l'un des plus endettés de France, a décidé de revenir sur la gratuité à 100 % des transports scolaires. Une décision qui, en pleine rentrée scolaire, passe mal auprès des parents d'élèves. Ces derniers devront désormais débourser entre 30 et 240 € par enfant et par an.
Responsabiliser les parents
Pour sa défense, le Conseil général explique vouloir maîtriser ses dépenses. Car jusqu'à présent, le département déboursait chaque année 17 millions d’euros pour assurer le ramassage scolaire de quelque 17.000 élèves, soit 1.000 euros par collégien et par an, indique La Montagne. Une dépense de taille qui, ajoutée à l'incivisme des usagers, aura convaincu le département d'y mettre un terme.
"Certains s’inscrivaient, mais ne prenaient jamais les transports scolaires. Avec ce nouveau système, nous pourrons mieux adapter la taille des véhicules à la demande", avance dans les colonnes du quotidien régional le président du Conseil général, Gérard Bonnet. Le département table au final sur une économie de 500.000 à 600.000 euros par an.
"On ne peut pas accepter ça"
Les syndicats de parents d'élèves, eux, dénoncent la mesure, à l'image de Jacques Bertrand, président de la FCPE locale. "Même s'il y a des mesures d'accompagnement, notamment pour des familles défavorisées, c'est un recul", regrette-t-il au micro d'Europe 1. "On n'est pas satisfaits du tout, le département est en déficit, mais ce n'est pas dû à l'équipe actuelle", abonde-t-il. Estimant que ce sont "les familles qui pâtissent" de cette décision, le syndicaliste promet de ne pas en rester là : "on restera fidèles à nos idées, on ne peut pas accepter ça", prévient-il.
La Corrèze s'ajoute à la longue liste des départements qui, ces deux dernières années, sont revenus sur la gratuité des transports scolaires. Selon Les Echos, "seuls 28 départements assurent encore, en 2012, la gratuité à 100 % des transports scolaires tandis que sept autres prennent à leur charge entre 95 % et 99 % de ce coût". Un désengagement des départements qui, selon le président de l'Assemblée des départements de France, Claudy Lebreton, n'est que le simple corollaire du désengagement progressif de l'Etat ces dernières années. "Sur les 75 milliards d'euros accordés aux départements, les dépenses sociales pèsent 12 milliards d'euros. Or, l'Etat ne les a compensés qu'à hauteur de 7 milliards d'euros", déplore-t-il.