Un nouveau bras de fer va s'engager entre les syndicats du transport routier et le patronat. L'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC) a, en effet, lancé à partir de dimanche dans la nuit un appel à une grève à durée indéterminée pour pousser le patronat à revenir à la table des négociations salariales, sans avoir toutefois l'ambition de "bloquer" le pays.
Le dialogue rompu depuis un mois. Zones d'activités et centres de distribution pourront être visés par dans la nuit de dimanche à lundi, en Bretagne et en Ile-de-France notamment, à moins que le patronat n'accepte d'ici-là de reprendre le dialogue rompu le 9 février. "Maintenant, la balle est dans le camp des patrons, s'ils veulent vraiment négocier", a déclaré Thierry Cordier de la CFDT Transports (majoritaire), désireux de reprendre les discussions le plus rapidement possible.
Pas de blocage massif en vue. Dans la semaine, l'organisation patronale des PME (OTRE) s'est dite "ouverte à la poursuite des négociations avec les organisations syndicales sur la base de propositions raisonnables", une main tendue à laquelle ne se sont pas jointes les autres fédérations patronales FNTR, TLF et Unostra. Les syndicats avaient auparavant revu leurs prétentions à la baisse, renonçant au plafond minimum de 10 euros bruts de l'heure réclamé pour les plus bas coefficients du transport routier (actuellement à 9,43 euros). "On a fait le job en faisant de nouvelles propositions, un peu à la baisse, pour essayer de trouver un cheminement de déblocage", reconnaît Thierry Douine (CFTC). "Maintenant on attend, les heures passent", ajoute-t-il, déterminé à se lancer dans le mouvement même si celui-ci ne conduira pas à "une France bloquée".
Une "bataille" de longue date. Les grilles salariales dans le transport routier de marchandises (près de 330.000 salariés fin 2013) sont bloquées depuis 2012. Depuis, la totalité des minima conventionnels est passée, à l'exception d'un seul, sous le salaire minimum. Dans leurs dernières propositions, la FNTR, TLF et Unostra se disaient prêtes à accorder une revalorisation portant les plus bas coefficients à 9,62 euros, soit un centime de plus que le Smic, et le plus haut à 9,89 euros.Les syndicats, qui jugent "insuffisantes" ces propositions, pourraient négocier un accord avec la seule OTRE, qui s'est montrée "mieux disante" selon eux lors des précédentes séances de négociations.Le conflit autour des salaires a débuté le 18 décembre. Des militants CFDT avaient bloqué pendant quelques heures les poids lourds au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, à l'ouest de Paris. En janvier, la bataille s'est intensifiée autour de négociations à rebondissements, tenues sous la pression des syndicats qui avaient organisé de nombreux blocages, ce qui leur vaut d'être assignés à comparaître par le Groupe Charles André, un des transporteurs visés.
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