Comportements addictifs, sommeil perturbé, troubles du développement, éventuelle toxicité pour la rétine... Les académies des sciences, de médecine et des technologies ont passé en revue les principaux sujets d'inquiétude quant à l'exposition des enfants aux écrans dans un rapport publié mardi. Auteures d'un "appel", différent du rapport, dont les conclusions seront rendues publiques mardi lors d'un colloque, elles refusent de tomber dans la diabolisation des nouvelles technologies, qui "constituent des outils de connaissance et d'ouverture sur le monde" si elles sont bien utilisées.
Les écrans utiles dans l'apprentissage d'une langue étrangère
Le rapport note par exemple qu'à l'école, elles peuvent faciliter l'apprentissage d'une langue étrangère via les sons, ou permettre de "rattraper" les élèves décrocheurs. "Certains enfants ont de la peine à intégrer des structures éducatives qui font une grande place au langage, à la lecture, à l'écriture", explique au micro d'Europe 1 le psychiatre Serge Tisseron. "Et certains d'entre eux, ça a été démontré, peuvent mieux réintégrer l'école lorsque l'on utilise les outils numériques." Mais à l'heure où plusieurs établissements scolaires choisissent de supprimer les manuels papiers, l'enfant court le risque d'être surexposé aux écrans, qu'il peut encore utiliser le soir.
Une durée du sommeil de moins en moins longue chez les ados
"Quand on est en discussion avec l'écran, on est assez concentré, contrairement à la lecture habituelle, mais il faut que tout ceci soit contrôlé", note le chronobiologiste Yvan Touitou. "Toute la journée, c'est beaucoup." Cette problématique se pose surtout pour les adolescents qui, ces dernières années, ont perdu 50 minutes de sommeil et dorment seulement sept heures par nuit en moyenne, notamment du fait de l'essor des jeux vidéo en ligne.
Les académies des sciences, de médecine et des technologies rendent leurs conclusions mardi :
À côté de la problématique de l'exposition aux images violentes ou à caractère pornographique, qui reste prégnante, les trois académies auteures du rapport jugent qu'il faut mieux informer les jeunes des "stratégies" mises en oeuvre par certains de ces jeux vidéo en ligne et par les réseaux sociaux pour "retenir l'attention des utilisateurs" le plus longtemps possible.
Mise en garde contre l'"usage à visée exclusivement calmante" des tablettes
Concernant les plus jeunes, les auteures de l'étude mettent en garde contre un "usage à visée exclusivement calmante" des tablettes, télévisions et autres smartphones, que font certains parents. "Fasciné par les bruits et les lumières vives, totalement passif, le très jeune enfant peut apparaître comme déjà victime d'un trouble comportemental : surexposition chez l'enfant 'scotché' à l'écran et réactions de colère lors du retrait", expliquent-elles.
Les parents doivent aussi faire attention à leur propre usage des technologies, qui peut modifier leurs réactions et leur degré d'attention vis-à-vis de leurs enfants. "Aujourd'hui, on n'a pas de preuve scientifique que le comportement des parents avec les écrans entraîne des problèmes de développement social des enfants", reconnaît néanmoins Bruno Falissard, membre du groupe de travail à l'origine de cet appel.