Le parquet de Paris a ouvert en avril une enquête préliminaire, toujours en cours, sur le micro-parti de la présidente du FN Marine Le Pen, d'après une source judiciaire, confirmant une information de Mediapart. Cette enquête, confiée à la Brigade financière de la police judiciaire parisienne, porte aussi sur le micro-parti de Jean-Marie Le Pen, Cotelec.
Micro-partis adossés aux grandes structures. Les investigations concernent notamment les prêts accordés par ces deux structures à des candidats FN lors des cantonales de 2011 et des législatives de 2012. Selon la source judiciaire, l'enquête a démarré après une "dénonciation" de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui n'a souhaité faire aucun commentaire. Le micro-parti Jeanne, lancé fin 2010, est dirigé par des proches de la présidente du FN.
En marge des grands partis, de nombreux dirigeants politiques disposent de leurs propres structures, appelées micro-partis, utilisées notamment pour le financement de campagnes. Contactée, Marine Le Pen a affirmé être soumise "à une enquête permanente", évoquant "une sorte de combat politique contre tout ce qui, de près ou de loin, a une relation avec le FN".
Des prêts lucratifs. Alors que Mediapart évoque des taux d'intérêts "particulièrement élevés de 6,5% ou 7%" dans les prêts accordés par Jeanne à des candidats frontistes, Marine Le Pen a répondu qu'il s'agissait d'un "débat (...) complètement dérisoire quand on sait que ces prêts sont de court terme".
Selon Mediapart, Jeanne a fourni des kits de campagne électorale aux candidats FN pour les cantonales de 2011 et les législatives de 2012, kits conçus par la société Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen et ancien leader du Gud, le syndicat étudiant d'extrême droite. Une source au FN a confirmé que Riwal était le "prestataire principal" de Jeanne.
9 millions d'euros en 2012. Selon les comptes du micro-parti pour l'année 2011, consultables sur le site de la CNCCFP, Jeanne a effectué cette année-là pour quelque 1,7 million d'euros d'achats et a facturé pour 1,8 million d'euros de "services" aux "candidats pour les campagnes électorales". Selon Mediapart, ce chiffre a atteint près de 9 millions d'euros en 2012, année des législatives.
Pour Marine Le Pen, "la CNCCFP a validé les comptes de Jeanne sans aucune remarque et les comptes de campagne des candidats qui ont bénéficié des prêts ont tous été validés sans aucune remarque". La CNCCFP avait validé les comptes de la campagne présidentielle 2012 de Marine Le Pen et jugé qu'elle devait être remboursée par l'Etat au maximum légal, soit 8 millions d'euros. Mais la commission avait exclu plusieurs dépenses, estimant que celles-ci ne devaient pas être remboursées. Parmi elles, les intérêts de prêts accordés à la candidate par Cotelec et Jeanne. A ce titre, 254.430 euros d'intérêts d'emprunts avaient été retirés.