Ses "employés" travaillaient presque 24 heures sur 24. Kafa Bechir, l'épouse de l'ancien chef de cabinet du dictateur libyen Mouammar Kadhafi, comparaît mercredi devant le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail ou d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine", rapporte le site 20 minutes.
La Franco-libyenne de 52 ans est soupçonnée d'avoir "acheté" deux sœurs d’environ 40 ans et un couple d’une trentaine d’années, tous originaires de Tanzanie, et de les avoir exploitées dans sa villa de Prévessin-Moëns, dans l'Ain. Ces quatre personnes "travaillaient jusqu’à 18 heures sur 24 contre une rémunération inexistente", précise Me Mehdi Benbouzid, l’avocat des plaignants, au journal suisse Le Temps.
"Il n’y a pas eu de violence physique mais ces personnes étaient sous-alimentées, l’une d’entre elles ne pesait que 47 kilos pour 1,73 mètre. Il s’agit en fait d’un exemple d’esclavage moderne, les passeports étaient confisqués et mes clients n’avaient pas le droit de sortir sauf avec un chauffeur lorsqu’ils allaient faire des courses, ils devaient alors appeler tous les quarts d’heure", précise encore l'avocat au site Interne du quotidien suisse.
Il raconte à la PAF 16 ans de calvaire
L'affaire a éclaté en 2009 grâce à un témoignage. Après avoir fui la maison de Kafa Bechir en 2004, Issa Combari est arrêté par la police aux frontières française. Le clandestin nigérien décide alors de raconter ses 16 ans de calvaire aux policiers. Les enquêteurs ouvrent une enquête. Après deux perquisitions dans la maison familiale, les forces de l'ordre découvrent les quatre victimes aujourd'hui parties civiles.
Issa Combari n'est aujourd'hui que témoin dans cette affaire, les faits le concernant étant désormais prescrits. Quant au box des prévenus, il restera vide. D'après son avocat parisien, Me Marcel Ceccaldi, un proche de l’ancien régime kadhafiste, Kafa Bechir a quitté sa villa de Prévessin-Moëns après avoir versé une caution.
Kafa Béchir affirme les avoir payés 500 dollars par mois
Niant en bloc les accusations des quatre Tanzaniens, Me Ceccaldi affirme qu'ils étaient "payés 500 dollars par mois" et que "les mandats envoyés à leur famille" en atteste, peut-on lire sur Le Progrès.Pour ce qui est de la malnutrition des parties civiles, médicalement constatée, elle serait "parfois chronique en Afrique", affirme-t-il.
Elle qui vit désormais "entre Paris et Genève" risque une amende de 200.000 euros et sept ans de prison.