Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, et Bernard Squarcini, patron du contre-espionnage français, accusés de piloter des opérations illégales de surveillance des journalistes, vont déposer plainte en diffamation, révèle le Journal du Dimanche dans son édition de samedi.
"Tout cela est absurde"
"On ne peut pas laisser dire n'importe quoi, il y a des limites à tout. Et puis, il y a tellement de journalistes disant du mal du Président, je le déplore, que cette tâche que l'on m'impute serait gigantesque ! Tout cela est absurde", a confié au JDD, Claude Guéant, qui a vu son avocat vendredi soir.
De son côté, le directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a affirmé au JDD que l'on tente de "déstabiliser la boutique à un moment où la menace terroriste n'a jamais été aussi forte". Il a demandé à son avocat, Me Patrick Maisonneuve, de rédiger une plainte en diffamation.
Mediapart visé
Le site Mediapart est visé particulièrement par ce dépôt de plainte. Jeudi, deux journalistes de Mediapart, enquêtant sur les affaires Karachi et Bettencourt, ont assuré que le bras droit de Nicolas Sarkozy centralise les enquêtes du contre-espionnage français. Ils ont dit avoir été pistés et "géolocalisés" par les services français lors de leurs déplacements pour rencontrer leurs informateurs.
Et ce, alors que le Canard enchaîné a accusé, dans son édition de mercredi, Nicolas Sarkozy de superviser "personnellement" l'espionnage de certains journalistes chargés de la couverture d'affaires sensibles, une allégation qualifiée de "totalement farfelue" par l'Elysée. Selon l'hebdomadaire, qui cite des sources anonymes au sein de la DCRI, "un groupe" a même été monté à cette fin, composé de "plusieurs anciens policiers des RG", qui "se procurent les factures détaillées du poste fixe et du portable du journaliste à espionner".
La Délégation parlementaire au Renseignement (députés et sénateurs) avait auditionné jeudi le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, et Bernard Squarcini, sur les affaires d'espionnage de journalistes.
"Il n'y a aucune transparence de la part du pouvoir"
C'est "l'hôpital qui se moque de la charité", a réagi samedi le patron du site d'informations en ligne, Edwy Plenel. Mais "s'il maintient cette décision, ce sera une superbe occasion d'un procès où la liberté de l'information mettra en évidence la part d'ombre de cette présidence", s'est-il réjoui. "Un procès serait une bonne occasion de défendre la liberté de l'information face à un pouvoir qui n'a cessé de la piétiner", a-t-il insisté.
"Il n'y a aucune transparence de la part du pouvoir", a dénoncé Edwy Plenel, assurant qu'il est "de notoriété publique que la campagne d'une immense violence contre Mediapart, nous traitant de média aux méthodes fascistes, a été organisée dans le bureau même du secrétaire général de la présidence".