L'INFO. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) espionnerait de manière systématique les télécommunications françaises, rapporte jeudi Le Monde daté du 5 juillet. Un secret qui serait cependant connu des politiques et qui fait écho à l'affaire PRISM, un vaste système d'écoute mis en place par les États-Unis et révélé début juin par le quotidien The Guardian.
>> À LIRE : Espionnage : les États-Unis écoutent la France
Espionnage d'envergure. SMS, appels téléphoniques, accès aux réseaux sociaux (Facebook, Twitter), emails… tous les moyens de communications privilégiés des Français seraient contrôlés par les services spéciaux français. Et l'ensemble des données récoltées seraient "stocké(e)s pendant des années", affirme Le Monde.
Les politiques dans la confidence. "Une grande part des connexions électroniques en France est effectivement interceptée et stockée par la DGSE", reconnaît un parlementaire anonyme cité par le quotidien français. En revanche, il n'a jamais été question, officiellement, d'une "infrastructure de mutualisation" qui autoriserait le partage des renseignements collectés entre les services.
À disposition de sept services de renseignements. Outre la DGSE, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), les douanes, la Tracfin (en charge des circuits financiers clandestins), la Direction du renseignement militaire (DRM), la Défense et le service du renseignement de la Préfecture de police de Paris étaient également dans le secret, décrivent les journalistes du Monde.
Les intéressés contestent. Joints par le quotidien, les services du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité et la délégation parlementaire au renseignement "contestent tous les conclusions de l'enquête du Monde". De leur côté, la DGSE, la DCRI et Tracfin se sont refusés à tout commentaire. Enfin Alain Zabulon, coordonnateur national du renseignement, "n'a pas souhaité s'exprimer", toujours selon Le Monde.
Pourquoi est-ce illégal ? "Le régime juridique des interceptions de sécurité interdit la mise en œuvre par les services de renseignement d'une procédure telle que Prism", rappelle la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) citée par Le Monde. "Chaque demande de réquisition de données ou d'interception est ciblée et ne peut pas être réalisée de manière massive, aussi quantitativement que temporellement. De telles pratiques ne seraient donc pas fondées légalement", complète la commission. Si la loi évoque bien des "interceptions" autorisées par le premier ministre dans le cadre de la sécurité nationale, le stockage de ces informations n'a jamais bénéficié d'une autorisation officielle. Un flou juridique sur lequel s'appuient la plupart des services de renseignements français pour exploiter ces données personnelles.
>> À LIRE AUSSI : Google, Facebook, Apple, espions pour Obama ?