Au lendemain d'un quatrième meurtre dans l'Essonne, la procureure de la République d'Evry a donné vendredi une conférence de presse pour rendre compte des avancées de l'enquête. Elle en a profité pour balayer quelques interrogations. Le point sur l'affaire.
Appel à témoins
Les enquêteurs ont lancé vendredi un appel à témoins pour trouver la trace, dans "l'ouest parisien", d'une moto bleue et blanche de marque Suzuki (NDLR : semblable à la photo en Une, avec un pot d'échappement différent).
La DRPJ de Versailles demande "à toute personne ayant vu sur l'ouest parisien une moto Suzuki modèle GSXR 750 année 2001 de couleur bleue et blanche, avec le R du modèle rouge" de la contacter. La piste d'un tueur à moto est la plus suivie par les enquêteurs.
S'il semble établi que l'auteur des deux premiers meurtres a bien pris la fuite en moto, le conditionnel est à utiliser pour les suivants. "Il y a des témoignages différents", explique la procureure. Cette dernière n'exclut rien sur le ou les auteurs. "S'agit-il d'une seule et même personne ? Y a-t-il un coauteur ? Des complices ? Il est trop tôt pour répondre. Nous étudions un spectre très large", a ajouté Marie-Suzanne Le Quéau, y compris celle "d'un commanditaire".
Un homme mis en examen
L'ex-petit ami de la première victime, tuée le 27 novembre 2011 dans le parking de son immeuble de Juvisy-sur-Orge, est mis en examen. "Il avait fait suffisamment d'aveux précis, en présence d'un avocat, pour que l'on puisse penser qu'il disait la vérité", a témoigné Marie-Suzanne Le Quéau, la procureure de la République d'Evry. Problème, depuis, l'homme incarcéré est revenu sur ces aveux. "Il ne s'est donc pas exprimé sur ce qu'est devenue l'arme", a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs qu'il s'agit "d'un homme sans profession, qui bénéficiait du statut de travailleur handicapé".
Un lien entre les affaires ?
Si l'homme soupçonné du premier meurtre est actuellement emprisonné, les enquêteurs n'excluent pas la piste d'un tueur en série, comme l'a exprimé Claude Guéant vendredi matin sur Europe 1. "A ce stade de l'enquête, trois meurtres présentent des similitudes quant au mode opératoire", a précisé Marie-Suzanne Le Quéau. La même arme, "un pistolet semi-automatique" de calibre 7.65 aurait d'ailleurs servi dans les quatre affaires. Mais "ce n'est pas si évident que cela", car il n'y avait par exemple "pas de témoin direct", jeudi. La procureure a toutefois admis que les quatre crimes ont été "commis dans le même créneau horaire, entre 16h et 18h".
Le profil des victimes
"Il n'y a pas de lien entre les victimes", a rappelé Marie-Suzanne Le Quéau. Hormis pour la laborantine de 35 ans, tuée dans le parking souterrain de sa résidence le 27 novembre 2011à Juvisy-sur-Orge, et l'ingénieur de 51 ans, tué au même endroit le 21 février. "Ils étaient voisins", explique la procureure. En revanche, il ne semble pas y avoir de lien entre les deux premiers meurtres et le 3e et 4e, respectivement un retraité de 81 ans abattu dans le hall de son immeuble à Ris-Orangis et une femme de 47 ans, également tuée dans le hall de son immeuble à Grigny. La procureure a précisé vendredi que les victimes "avaient un casier judiciaire vierge et n'étaient pas connues des services de police". "D'après leur entourage, ces victimes n'avaient pas reçues de quelconques menaces de quelque nature que ce soit".
Etudier la vidéosurveillance
Vu les témoignages divergents sur le ou les auteurs, "il est impossible d'établir un portrait robot et de le diffuser", a expliqué la procureure vendredi. De plus, "il n'y a avait pas de vidéosurveillance qui équipait les immeubles où les faits se sont passés. C'est un des axes de travail actuels : étudier les bandes de vidéosurveillance de la commune".
Une centaine de policiers sur le pont
Interrogée sur les services participant à l'enquête, la procureure de la République a confirmé que "des moyens collossaux" sont déployés sur cette affaire. Une "centaine de policiers sont mobilisés", et trois services sont saisis de l'affaire : "la direction régionale de la police judiciaire de Versailles, l'office central pour la répression des violences aux personnes et l'office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication".
Pas de lien avec l'affaire Merah
Avant de conclure sa conférence de presse, la procureure de la République a balayé un éventuel lien avec les tueries de Toulouse et Montauban, perpétrées par Mohamed Merah. "Jamais dans ces quatre dossiers il n'a été fait de lien avec une entreprise terroriste", a-t-elle clairement expliqué. "Les profils des victimes ne le permettent pas. Elles n'ont pas d'appartenances religieuses", a ajouté Marie-Suzanne Le Quéau.