La 13e édition du Salon européen de l'éducation se tient à partir de jeudi à Paris. Et alors que cette semaine sonne le coup d'envoi des conseils de classe pour le premier trimestre, la question est plus que jamais d'actualité : doit-on supprimer les notes à l'école ? De nombreux spécialistes dénoncent régulièrement les notes, jugées peu efficaces et stressantes pour les enfants. Des collèges de La Rochelle ont donc pris les devants et tenté l'expérience en supprimant les notes.
"J'en avais assez de faire n'importe quoi"
Dominique Fravega, professeure de français, a ainsi reçu l'autorisation d'expérimenter une classe sans notes. C'est grâce à sa volonté et à celle de quelques collègues que le projet est né au collège de Beauregard. Cette enseignante en avait assez de ne pas se poser les bonnes questions. "Je mets un 10,5 ou un 11 ? Est-ce qu'il vaut 9 ou est-ce qu'il vaut 10 ? C'est vraiment d'une débilité profonde. On passe du temps à se chercher des poux dans la tête pour rien. J'en avais assez de faire n'importe quoi", explique-t-elle.
"C'est vraiment d'une débilité profonde" :
"Je voyais dans mes classes des enfants perdus parce qu'ils avaient de très basses notes et qu'ils n'avaient aucune envie, ni de s'améliorer parce que la note est un couperet, ni d'évoluer, ni de se prendre en main", raconte encore Dominique Fravega au micro d'Europe 1. "Je voyais aussi mes meilleurs élèves travailler a minima. Ils travaillaient pour la moyenne et donc ils se gâchaient quelque part", ajoute-t-elle.
Un code couleur à la place
Les notes ont donc disparu, remplacées par un code couleur. Sur le bulletin, pas de chiffres, mais du rouge, du vert, du orange et pour chaque matière, on ne se contente pas d'une moyenne, mais on précise si l'élève comprend les consignes, s'il communique bien à l'écrit, ou encore si son cahier est à jour.
Pour les contrôles, c'est tout aussi détaillé. Isabelle Rubet, professeure de biologie, détaille au micro d'Europe 1 ce code couleur. "Quand je mets rouge, c'est qu'il y a beaucoup de choses qui ne vont pas. Quand on est en orange, c'est qu'il y a des choses un peu maîtrisées mais qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour progresser. Le vert clair, c'est partiellement acquis et le vert foncé, c'est correct", explique-t-elle.
Les élèves partagés
Les élèves découvrent donc une copie, sans note mais avec différentes couleurs et surtout de longues appréciations de l'enseignante. Une formule qui plaît à Wesley. "On peut améliorer là où on a eu faux. C'est mieux. Je préfère avoir un rouge qu'un zéro. L'année dernière, j'ai eu un zéro en dictée. C'est déprimant", confie l'adolescent. D'autres élèves ont plus de mal à s'habituer, comme Steeve qui regrette un peu l'ancien système. "Si je devais choisir l'un ou l'autre, ce serait celui avec les notes. Si on vous met vert foncé, vous ne savez pas si vous avez 18, 19 ou 20. Les notes, c'est un peu plus détaillé", estime-t-il.
Les parents, généralement très attachés aux notes, ont également eu du mal au départ à accepter ce nouveau système. Mais les professeurs ont su les convaincre. "Ça a le grand mérite de savoir ce que l'élève va devoir travailler la fois d'après pour que sa copie soit mieux. Tandis que si on se contente d'une note, au-dessus de 15 on se dit c'est bien, alors à 16 c'est parfait, on touche à rien. Or, il y a peut-être des choses à retoucher pour être meilleur la fois d'après", raconte au micro d'Europe 1 le père d'un élève.
Ces dix classes sans note dans l'académie de Poitiers font partie des nombreuses expériences menées chaque année dans des dizaines d'établissements. Mais le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, a plusieurs fois répété qu'il était très attaché aux notes. Il n'est donc pas question d'ouvrir ce dossier sensible au niveau national.Pour le moment.
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