Publié en toute discrétion le 8 mai au Journal officiel, le décret modifiant l’évaluation des enseignants devrait avoir une espérance de vie très courte. Vincent Peillon, conseiller "éducation" du nouveau président socialiste, a en effet annoncé mercredi que ce décret serait annulé "dès la prise de fonction de François Hollande". Il s’agirait alors de la deuxième entaille dans le bilan de Nicolas Sarkozy, après celle déjà programmée du texte instaurant une TVA sociale.
Une réforme contestée et appliquée à la dernière minute
Après avoir tenté, en vain, de convaincre les enseignants, le ministre de l’Education sortant Luc Chatel a fait publier mardi un décret instaurant une réforme de l’évaluation des enseignants à partir du 1er septembre prochain.
Selon ce texte, l'évaluation de l'enseignant est fondée sur un entretien réalisé tous les trois ans par son supérieur hiérarchique direct, c'est-à-dire le chef d'établissement. Jusqu’à présent, cette évaluation n’était qu’administrative, complétée par le verdict, bien plus important, d’un inspecteur régional.
Les syndicats d’enseignants ont dénoncé la mesure, craignant que ce nouvel entretien unique ait un impact négatif sur la carrière des professeurs, notamment sur leur salaire. Après avoir tenté sans succès une médiation, Luc Chatel a donc décidé de faire passer cette réforme. A la dernière minute.
Les socialistes promettent de la détricoter
Cette méthode est évidemment loin d’avoir fait l’unanimité chez les enseignants si bien qu’à peine publié au Journal officiel, le décret sera abrogé supprimé "dès la prise de fonction de François Hollande", a promis mercredi Vincent Peillon.
"La gestion de ce dossier important a constitué, de la part du gouvernement sortant, un modèle de mépris du dialogue social dont il fut coutumier, mais la date retenue pour la publication constitue aussi un passage en force du point du vue politique peu compatible avec les usages républicains et tout à fait inacceptable", a dénoncé au passage Vincent Peillon, qui pourrait devenir le ministre de l'Education dans le prochain gouvernement socialiste.
Chatel accusé de faux dialogue
Revenant sur le dialogue social qu’il juge inexistant dans ce dossier, Vincent Peillon critique "le jeu de dupe, qui a consisté pour l'équipe de Luc Chatel à laisser croire, durant l'automne 2011, que les discussions au fond de ce dossier majeur se poursuivraient". Or "aucun échange constructif n'a en réalité eu lieu".
Les enseignants ont en effet contesté cette mesure par deux grèves, organisées les 15 décembre et 31 janvier. Le ministère a alors rédigé une nouvelle version du texte, elle aussi contestée, puis proposé aux syndicats une réunion qu’ils ont boycottée. Critiquant déjà cette réforme sur le fond, Vincent Peillon juge que la forme justifie aussi une abrogation rapide.