A Charleville-Mézières, une collégienne n'a pu se rendre en cours à cause d'une jupe trop longue, assimilée à "un signe ostentatoire d'appartenance religieuse".
Parce qu'elle portait une jupe noire trop longue, Sarah, en classe de troisième au collège Leo Lagrange de Charleville-Mézières, n'a pu se rendre en cours. Les faits se sont déroulés à deux reprises, les 16 et 25 avril derniers, révèle mardi le quotidien régional L'Ardennais.
"Une jupe dont le caractère religieux est manifeste". L'accès au collège lui a été refusé au motif que cette jupe ne respectait pas la loi de 2004 sur la laïcité à l'école. Selon la principale de l'établissement, citée par l'Ardennais, sa tenue vestimentaire peut être assimilée à un signe religieux ostentatoire. Elle a envoyé un courrier en ce sens aux parents de Sarah, le 24 avril, cité par La Croix.
"Votre fille n’a pas été acceptée en classe parce qu’elle portait des signes ostentatoires d’appartenance religieuse. La loi sur la laïcité à l’école interdit ce port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse (…). De nouveau, vendredi matin, elle réapparaît avec une jupe dont le caractère religieux est manifeste". Dans cette lettre, la principale du collège prie les parents "de faire rectifier la tenue vestimentaire de (leur) fille s’(ils) souhaite (nt) qu’elle poursuive sa scolarité au collège". "La poursuite de cette tenue provocante interdira son accueil en classe", prévient la directrice de l'établissement.
Le Rectorat parle "d'actions revendicatrices". "Il est parfois difficile de distinguer simplement ce qui relève du port ostentatoire de signes religieux, de la provocation ou de la tentation d'éprouver les limites des règles communes", a expliqué le Rectorat de l'Académie de Reims dans un communiqué publié mardi soir. "Lorsqu'il s'agit d'actions revendicatrices et concertées d'élèves, qui font suite à d'autres incidents plus visibles liés par exemple au port du voile, le cadre laïque de l'enseignement doit être fermement rappelé et garanti", a poursuivi le Rectorat.
"On n'a rien contre une jupe évidemment, quelle que soit sa longueur, le problème est qu'on est en face d'une action concertée avec une tenue, qui en l'occurrence, relève symboliquement de l'ostentatoire", a renchérit Patrice Dutot, l'inspecteur académique des Ardennes.
"Cette jupe n'a rien de particulier". Pour les parents de la jeune fille, cette décision est incompréhensible. "Ce n'est pas interdit par la loi de mettre des jupes longues", s'emportent-ils dans le quotidien régional. "Cette jupe n'a vraiment rien de particulier, elle est toute simple", déclare de son côté Sarah, 15 ans. De confession musulmane, la jeune fille précise qu'elle "enlevait le voile tous les matins avant d’entrer au collège".
"On ne cherche pas de problème". Alors que la polémique enflait, la mère de la collégienne a cherché à calmer le jeu, mercredi soir. Elle demandera à sa fille de se conformer aux directives de l'Education nationale. "On ne cherche pas de problème; l'important c'est que ma fille continue ses études mais on ne comprend pas pourquoi l'école a réagi comme ça : quand il fait chaud elle met une jupe, sinon, elle met un pantalon, c'est tout", a-t-elle poursuivi.
Twitter s'emballe. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont soutenu la collégienne. Un hashtag #JePorteMaJupeCommeJeVeux a même vu le jour sur Twitter. Il était en tête des tendances dans les discussions sur le réseau social, mardi après-midi. Une pétition en ligne avait recueilli 2.600 signatures, jeudi après midi.