Fabien Namias livre les derniers échanges avec Didier François

Le directeur général d'Europe 1 Fabien Namias
Le directeur général d'Europe 1 Fabien Namias
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INTERVIEW E1 - Le directeur général d'Europe 1 se souvient des derniers textos échangés avec le journaliste Didier François ... il y a près de dix mois.

INTERVIEW E1. Dix mois après leur enlèvement en Syrie, Fabien Namias, le directeur général d'Europe 1 se souvient des derniers instants d'échange avec Didier François, le reporter de la radio. Parti le 5 juin en compagnie d'Edouard Elias, photographe qui devait fournir des photos pour le site internet d'Europe 1, Didier François devait rejoindre la Syrie en passant par la Turquie.

Juste avant le départ. Le directeur général d'Europe 1 avait reçu les deux journalistes "dans mon bureau à Europe 1 comme à chaque fois qu’il y a une mission de cette nature". Ils avaient évoqué les risques de la mission, "comme à chaque fois", raconte Fabien Namias. Il raconte cet échange : "On avait eu cette discussion : 'Tu pars en Syrie. Est-ce que c’est dangereux ?
- Oui.
- Est-ce qu’il y a des risques pour votre vie ?
- Oui.
- Est-ce qu’il y a des risques que vous vous fassiez enlever ?
- Oui.

Fabien Namias raconte les derniers échanges...par Europe1fr

"L'honneur de la profession". Balayant d'un revers de la main les interrogations sur les dangers du reportage, Fabien Namias a précisé que "ces questions, on se les pose à chaque fois" et a rappelé la "réponse de Didier à ce moment-là avait été : 'D’accord, mais si jamais on décide de ne pas partir quand il y a un risque, on ne part plus nulle part.'".

Le directeur général, avec Denis Olivennes, le PDG d'Europe 1, avaient donc pris la décision de maintenir le départ, car selon lui, "c’est l’honneur de la profession, des rédactions de continuer à couvrir tous les conflits. C’est céder au chantage et à la terreur que de ne pas le faire".

Fabien Namias, soulagé de la libération des quatre journalistes otages en Syrie, raconte avec le sourire la "première mésaventure" du reportage de Didier François et Edouard Elias. "Leurs gilets par balles n'avaient pas franchi les douanes", se souvient le directeur d'Europe 1. "Didier m'avait appelé à 8h du matin le 6 juin en me disant : 'Je n'ai pas mon gilet par balles, je n'ai rien. La mission commence mal'", a déclaré Fabien Namias à l'antenne d'Europe 1.

Deux textos avant le coup de massue. Après cette première conversation se sont suivis plusieurs échanges entre Fabien Namias et Didier François. "A 11h du matin, il m’envoie un texto en me disant : 'Je passe en Syrie, la route est bonne. Je pense que je peux foncer.' Et je lui avait dit 'go'.", se remémore le patron d'Europe 1, aujourd'hui soulagé. "Une demi-heure après, il m’avait envoyé un autre texto : 'Je suis en Syrie, tout va bien'."

Mais "une heure et demi après, j’avais un coup de fil qui me disait 'Les journalistes d’Europe 1, Didier François et Edouard Elias, ils viennent d’être enlevés sur la route'", a raconté Fabien Namias, qui estime qu'on ne pas jamais savoir, pas "prévenir de tels risques", mais qu'il faut continuer d'y aller, "en connaissance de cause".

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