L'intrusion spectaculaire. Pour dénoncer le manque de sécurité de la plus vieille centrale nucléaire de France encore en activité et réclamer une transition énergétique plus ambitieuse, des dizaines de militants de Greenpeace ont fait mardi une spectaculaire intrusion dans l'enceinte de la centrale de Fessenheim, dans le Haut-Rhin. Pour ces écologistes, Fessenheim est un symbole. Cette centrale électronucléaire, la plus ancienne actuellement en service en France, doit fermer d'ici la fin 2016 selon une promesse faite par François Hollande pendant la campagne de l'élection présidentielle. Les mouvements écologistes demandent pour leur part la mise à l'arrêt immédiate des deux réacteurs de 900 MW, qui sont en service depuis 1977.
151 réacteurs en Europe, 66 ont plus de 30 ans et 7 ont été mis en service plus de 40 ans. @fhollande il faut AGIR http://t.co/HxPikQeXpu— Greenpeace France (@greenpeacefr) 18 Mars 2014
Ils sont entrés au coeur de la centrale. Arrivés en camion, une soixantaine de militants de quatorze nationalités différentes, selon Greenpeace, ont pu escalader les barrières du site à l'aide d'échelles, peu avant six heures du matin. Ils ont ensuite réussi à déployer une banderole sur le dôme de protection d'un des deux réacteurs de la centrale, proclamant "Stop risking Europe", Arrêtez de faire courir des risques à l'Europe. "Ce n'est pas la première fois que nous entrons dans une centrale. Mais au-delà de la sécurité du site (...) nous voulons alerter sur les risques que posent Fessenheim et toutes les centrales nucléaires en Europe", a précisé un porte-parole de Greenpeace, Cyrille Cormier.
Des arrestations en série. En tout, 56 personnes ont participé à cette action de l'association écologiste, dont "une quarantaine ont réussi à entrer en zone protégée", a indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur. "Dix-neuf militants ont été interpellés immédiatement, puis quinze autres au fur et à mesure", a ajouté Pierre-Henry Brandet. Un porte-parole d'EDF, l'exploitant de la centrale, a également évoqué 34 interpellations. Le site était bouclé par les gendarmes, et survolé par un hélicoptère des forces de l'ordre. Côté allemand, de l'autre côté du Rhin, un hélicoptère de Greenpeace évoluait également non loin de la centrale.
Des soutiens politiques. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a félicité Greenpeace pour son "coup d'éclat" à Fessenheim "qui met en lumière la fragilité de nos installations nucléaires", selon le parti, qui compte deux membres au gouvernement. Le syndicat FNM-CGT a pour sa part affirmé que "la fermeture réclamée de la centrale de Fessenheim conduirait à importer de l'électricité de centrales au charbon Outre-Rhin qui ont été pour partie responsable des pics de pollution que nous venons de vivre".
Parmi les soutiens de Greenpeace, Daniel Cohn-Bendit qui a défendu ce coup de force :
MANIF - Dans la rue pour ne pas oublier Fukushima
ZOOM - Et si le nucléaire devenait une énergie propre et inépuisable ?
POLITIQUE - Une loi pour fermer Fessenheim
FESSENHEIM - Le réacteur n°2 bon pour le service
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