Caroline Fourest, journaliste spécialiste des mouvements d'extrême-droite, a estimé jeudi soir sur Europe 1 que l'issue des manifestations contre le mariage homosexuel dépendrait "de l'attitude des grands partis". Et "notamment le Front national, qui n'est pas beaucoup interrogé sur la responsabilité de ses militants dans certains de ces débordements. Marine Le Pen se tient au-dessus de la mêlée car elle ne manifeste pas. Mais ce sont tout de même ses militants qui relaient les messages incitants à la haine et au harcèlement", a-t-elle expliqué.
Pour l'essayiste, "il y a aussi la responsabilité de l'UMP et des élus de la droite républicaine qui doivent dire si ils veulent aller dans cette direction ou sonner la fin de la partie." "Les groupes identitaires sont beaucoup plus nombreux qu'avant, très en forme. Et on est dans un contexte politique où, depuis quelques mois, la droite n'a pas vraiment de leader qui puisse arbitrer une ligne : une ligne plutôt Patrick Buisson, qui était celle de Sarkozy lors de la dernière présidentielle, ou on revient à une droite républicaine plus modérée qui fait barrage à l'extrême droite. Ça n'est pas arbitré", analyse-t-elle. "Ce qui est en train de se jouer dépasse largement le cadre du débat sur le mariage pour tous, c'est de savoir si la droite républicaine, qui est viscéralement opposée et horrifiée par ce qui est en train de se passer, va se faire entendre et leur faire barrage", poursuit Caroline Fourest.
"Quand j'entends Frigide Barjot dire que, même après le vote de la loi, les manifestations et cette campagne de harcèlement doivent continuer, là je ne sais pas vers où on va", déplore la journaliste. "Si quand le parlement est passé, la démocratie et les représentants du peuple majoritaire ont tranché, on continue à faire de la résistance ? Au nom de quoi ? Une loi supérieure, naturelle et divine, aux lois de la république ? on est devant un phénomène qui est de l'ordre du fanatisme", conclut-elle.
Caroline Fourest a été poursuivie samedi toute la journée par des opposants au mariage pour les couples homosexuels, perturbant à Nantes un débat auquel elle participait, bloquant son TGV et l'attendant à son retour gare Montparnasse à Paris.