Le bac fait-il encore suffisamment réfléchir ? Alors que la polémique enfle autour de la fuite d’un sujet de l’épreuve de mathématiques du bac S, le débat sur une refonte de l’examen est relancé. Victor Colombani, le président de l'Union nationale lycéenne (UNL), a estimé, jeudi, sur Europe 1, qu'"il faudrait réformer le bac avec des partiels en milieu de première et de terminale".
"Il faudrait apaiser les enjeux et mieux étaler l’enseignement tout au long de l’année" :
"C’est un sujet délicat"
"Je ne sais pas s’il faut revoir complètement le bac", a estimé, pour sa part, Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, jeudi sur Europe 1. "En tout cas, la réflexion est aujourd’hui sur la table et je pense qu’il faut réfléchir à une nouvelle organisation du baccalauréat. Mais on sait que dans ce pays c’est un sujet délicat", a-t-il poursuivi.
"Ceci étant, quand on voit ce qui se passe dans les pays européens, le bac, tel qu’il est en France, n’existe quasiment plus ailleurs et on est beaucoup plus, dans ces pays-là, sur des dispositifs de contrôle en cours de formation, y compris en utilisant les outils internet", a-t-il souligné."En France, au fond, on évalue, en quelques jours, toute une scolarité. C'est un peu le jackpot", a-t-il conclu.
Un avis que partage Philippe Tournier, secrétaire général du Syndicat des personnels de direction de l'Education nationale. "Ça fait des années que les professionnels qui organisent le bac tirent le signal d’alarme sur les risques qui sont de plus en plus grands. Ce baccalauréat se dilate", a-t-il souligné au micro d'Europe 1. "C’est évident qu’il faut en changer la forme rapidement. C’est l’occasion ou jamais", plaide ce proviseur dans un lycée à Saint-Maur, dans le Val-de-Marne.
QCM, contrôle continu…
Pour réformer le bac, Philippe Tournier a déjà plusieurs idées en tête. "Pour quelle mystérieuse raison on refuse absolument d’utiliser les QCM ?", questionne-t-il. "Il y a aussi la possibilité de donner plus de place au contrôle continu", estime le leader syndical.
Mais la refonte de cet examen reste une idée très complexe à mettre en œuvre, regrette Philippe Tournier : "Nous sommes dans un pays qui a un rapport complètement névrotique à cet examen. On est absolument en dehors du monde de la rationalité", pense-t-il. "On le voit là, alors qu’objectivement, l’incident sur cette épreuve de mathématiques n’est pas très grave dans ses conséquences. On voit tout de suite la dimension démesurée qu’on donne à ces incidents".
Luc Chatel a assuré, de son côté, avoir entendu les demandes des organisations lycéennes ou des parents d’élèves de réorganiser le baccalauréat. Le ministre de l’Education nationale a dit avoir "demandé à l’inspection générale de l’administration de l’Education nationale de travailler sur l’organisation du baccalauréat et sur la sécurisation des épreuves".