L'INFO. Depuis huit jours, ils sont 800 salariés de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, à être désormais au chômage. Un premier drame est venu marquer la fermeture : le suicide d'un ancien employé, le 22 novembre dernier, le soir même de la venue de Michel Sapin et Guillaume Garot sur le site qui a fermé ses portes définitivement. Joël, ancien employé du service triperie, s'était battu dès la première heure contre la fermeture de l'usine. Il a mis fin à ses jours alors qu'il était l'un des rares à avoir retrouvé un emploi. Sur place, beaucoup de chômeurs commencent à craquer.
"Des gens dans la détresse, au bord du précipice". Il avait passé 28 ans de sa vie chez Gad. Joël, marié et père de deux enfants, s'est pendu à un arbre. "On l'a arraché à son travail et, dans la nuit, il a mis fin à ses jours. On nous parle d'un 'pack d'avenir Bretagne' et lui, il n'en aura plus jamais d'avenir", déplore, abattu, Olivier le Braz, délégué FO sur le site. Craint-il d'autres drames ? "Oui, j'ai souvent dis que je pensais qu'il y en aurait malheureusement beaucoup. Un malheur comme ça ne va pas aider à enlever ça de la tête de ceux qui voulaient le faire. S'il y en a d'autres, je ne serais même pas surpris. Je vois les gens dans la détresse, au bord du précipice. C'est tout de même difficile", assure le syndicaliste, résigné.
"J'ai eu des idées noires". Une trentaine de salariés seulement, sur les 800 licenciés, ont pour l'instant retrouvé un emploi, en intérim ou en CDD. Beaucoup de gens craquent. Comme Bernard, père de trois enfants, qui a tenté de se suicider il y a quelques jours. "Ça me travaille énormément. Je prends des anxiolytiques et tout ce qu'il faut. Je ne le cache pas, j'ai eu des idées noires et j'ai voulu prendre une dose de cachets et puis en finir", confie-t-il. "Se retrouver sans boulot, pour moi, ce n'est pas supportable. Je ne suis pas fait pour rester là sans rien faire. Je n'arrive pas à voir l'avenir, je n'ai jamais été au chômage. On se sent inutile et je ne pensais pas que cela aurait été aussi dur", témoigne l'ex-employé. Avec un taux d'illettrisme d'environ 20% parmi les employés, le combat pour le retour à l'emploi s'annonce particulièrement ardu.
ZOOM - Bretagne : fin de conflit chez Gad