Après les écologistes, ce sont les maires de petits villages du Haut-Var qui partent en guerre contre l'exploitation du gaz de schiste. En 2008, l'entreprise Schuepbach Energy LLC avait déposé un permis de recherche exclusive dans une zone couvrant près 75 % du département du Var et des Alpes-Maritimes. Les maires ont donc décidé de monter au créneau et vont interpeller les candidats à la présidentielle. Faute de réponse claire, ils sont bien décidés à ne pas organiser le scrutin présidentiel dans leurs communes.
Car si le permis d'exploitation aboutit, les élus s'inquiètent des conséquences et des risques de pollution car pour extraire le gaz de schiste il faut percer le sol et y injecter d'énormes quantités d'eau et de produits chimiques.
"Ça, on ne le laissera pas passer"
L'idée d'une grève des bureaux de vote a été lancée par le maire de Tourtour, Pierre Jugy. Dans cette lutte contre le gaz de schiste, la couleur politique des maires n'est pas une barrière. "Ce sont des gens qui, dans la journée, sont agriculteurs, viticulteurs. Quand ils ont fini leur journée, ils prennent une douche pour s'occuper de la mairie pour gérer la République avec un énorme respect", raconte cet élu au micro d'Europe 1.
Selon le maire de Tourtour, plusieurs élus du secteur se sont déjà engagés à mener cette opération symbolique si le permis dit "de Brignoles" est validé. "Si nous n'avons pas la réponse des candidats à la présidentielle sur ce qu'ils ont l'intention de faire sur notre territoire, on rendra la clé des mairies", annonce Pierre Jugy. "Les préfets géreront les élections mais nous nous arrêterons notre participation parce que nous n'aurons pas la possibilité de regarder dans les yeux nos enfants et nos petits-enfants quand ils nous diront : 'on a dû se déplacer de nos villages parce qu'il n'y avait plus d'eau, parce que vous l'avez pollué. Ça, on ne le laissera pas passer", affirme l'élu frondeur.
61 projets en cours
Face à cette opposition, l'Etat avait provisoirement suspendu l'an dernier les travaux de prospection mais une décision définitive est attendue prochainement.
Au mois d'octobre, le gouvernement a annoncé qu'il abrogerait trois permis de recherche de gaz de schiste en France. En cause dans les trois cas : l'utilisation de la technique de la fracturation hydraulique, interdite par une loi votée en juin car elle présente des risques de pollution des nappes phréatiques. Selon les anti-gaz de schiste, il aurait encore 61 autres permis de recherche de pétrole ou de gaz toujours en vigueur.