Est-ce une nouvelle étape vers l'interdiction totale de l'exploitation du gaz de schiste en France ? Le gouvernement va abroger trois permis de recherche de gaz de schiste, a confirmé lundi la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet. En cause dans les trois cas : l'utilisation de la technique de la fracturation hydraulique, interdite par une loi votée en juin car elle présente des risques de pollution des nappes phréatiques.
Dans le cas de l'Américain Schuepbach, détenteur de deux permis en Ardèche et dans le Larzac, les choses sont claires : les rapports de l'entreprise mentionnaient "explicitement le projet d'utiliser" cette technique. Total, en revanche, promettait dans son rapport de ne pas utiliser cette technique à Montélimar. "J'ai fait valoir l'argument que ce rapport n'était pas crédible", a affirmé la ministre de l'Ecologie.
61 autres permis
D'après elle, Total veut "continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique, or on sait aujourd'hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles". Le groupe français s'est dit "très surpris" par cette décision et dit attendre "de recevoir la notification de cette abrogation pour comprendre sur quelles bases légales ce permis serait abrogé".
Les anti-gaz de schiste, au premier rang desquels José Bové, ont aussitôt fait part de leur "satisfaction". Tout en demandant des garanties sur les autres autorisations : 61 autres permis de recherche de pétrole ou de gaz sont en effet toujours en vigueur.
Proposition de loi
D'après le gouvernement, pour ces autres permis toujours valides, les entreprises n'entendent pas rechercher des gaz et huiles de schiste. Tous se sont engagés à ne pas recourir à la fracturation hydraulique et des "inspections" doivent être menées pour s'en assurer.
La décision d'annuler les trois permis devrait être officialisée mardi lors d'un déplacement de Nicolas Sarkozy dans le Gard. Et jeudi, les députés examineront une proposition de loi déposée par le PS et les Verts visant à interdire l'exploitation des gaz et huiles de schiste, et ce "quelle que soit la technique".