Les gendarmes de Saint-Tropez, version 2.0. La gendarmerie du Var cherche à se faire des amis… sur Facebook. Les militaires varois viennent en effet de créer leur compte sur le célèbre réseau social. Le but ? Informer précisément les internautes sur les lieux et les heures des contrôles routiers dressés dans l'ensemble département. Cette première en France est-elle pour autant forcément une bonne idée ? Pas si sûr... cette arme de communication massive peut en effet vite se retourner contre ses auteurs, comme ont pu le découvrir, à leur dépens, des policiers au Canada ou en Inde.
Facebook, c'est "direct et sympa"
Pour le colonel David Choutet, cité par le Parisien, Facebook est pourtant un moyen de communication "direct et sympa". "On annoncera certaines opérations pour informer sur notre action et situer les dispositifs. On veut adresser avant tout des messages de prévention et des rappels de consignes de sécurité pour la vie de tous les jours", s'est enthousiasmé le colonel à la tête du groupement départemental de la gendarmerie.
Et ça marche pour l'instant : mardi, le compte "Gendarmerie du Var" avait déjà plus de 2.000 amis. Et les messages de soutiens s'accumulaient, globalement positifs.
Au Québec, de la révolte dans l'air
Au Québec, la police de Gatineau compte quant à elle plus de 3.000 amis et autant de messages de soutiens. Ce compte se veut lui aussi "un endroit d'échange avec les citoyens pour faire avancer certains dossiers". Mais en mai dernier, le Printemps érable avait fait déraper le dispositif.
L'intervention de la police dans le conflit étudiant, jugée trop musclée, a alors poussé certains internautes à critiquer directement le travail des agents de police sur cette page. Ainsi, la police de Gatineau a été accusée de participer à une "escalade de la violence" et même comparée à la "Gestapo" par certains usagers du site. Des critiques qui ont obligé le service à lancer un appel au calme. Sept mois plus tard, en novembre, le compte est pourtant toujours actif. En tête de la page figure désormais un appel à témoins dans une affaire de meurtre.
L'arroseur arrosé en Inde
Des critiques, la police de New Delhi en a aussi beaucoup entendu. Le service de circulation a créé sa page Facebook dès le mois d'avril 2010. Le message de lancement : la "Delhi Traffic Police" demandait aux citoyens de "coopérer pour contrôler la circulation" en dénonçant les chauffards, en insistant sur son besoin de détails dans la dénonciation, avec numéro d'immatriculation et photo à l'appui. De la délation pure et simple.
L'initiative avait fait alors polémique et certains internautes avaient décidé de reprendre à leur compte… non sans ironie. Photo à l'appui, donnant le numéro d'immatriculation du véhicule, le lieu et l'heure de l'infraction, c'est ainsi que Mohamad Ahsan Khan a posté sa dénonciation en juillet dernier. Son cliché montre que le passager arrière d'un scooter (transportant trois personnes par ailleurs) ne porte pas de casque. Sauf que le passager et le conducteur en question sont tous deux policiers… Une pratique d'ailleurs généralisée. Ainsi, en juillet dernier, le site India Today révélait que sur les 22.000 personnes verbalisées par le biais de ce service figurait près de 725 policiers…
En Bulgarie, les citoyens à la manoeuvre
Et si des policiers créent leur propre page Facebook, certains usagers peuvent aussi les monter... à leur place. "Photographie un policier", c'est le nom d'un groupe créé en Bulgarie, justement par des citoyens, pour cette fois-ci surveiller la police. Voiture de police garée sur une place handicapée ou sur un passage piéton, motard à contre-sens, autant de clichés mi-amusés, mi-agacés, qui dénoncent une police jugée inefficace et qui n'hésite pas à enfreindre la loi. Ce compte-là qui possède 12.000 amis.