L'info. Au premier jour de son procès pour le génocide du Rwanda en 1994, Pascal Simbikangwa a nié toutes les accusations portées contre lui. Ce proche du président assassiné Habyarimana est soupçonné d'avoir incité, organisé et aidé les massacres qui firent quelque 800.000 morts.
En fauteuil roulant. Le box des accusés a été spécialement aménagé pour lui et il a besoin de l'aide des gendarmes de l'escorte pour y prendre place. Pascal Simbikangwa, qui a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de voiture en 1986, se déplace aujourd'hui en fauteuil roulant. Mais l'image d'un homme affaibli est trompeuse.
Un esprit affûté. Derrière ce corps meurtri, veste en cuir marron, jogging blanc et baskets noires, l'esprit et le langage de l'accusé restent affûtés. Pascal Simbikangwa est présenté comme un entraîneur de miliciens, qui leur aurait fourni des armes. Il réfute toutes les accusations en bloc, celles qui font de lui un tortionnaire, l'un des cerveaux du génocide tutsi.
Un militaire reconnu. Bavard, il répond volontiers aux questions du président de la cour d'assises. Il explique ainsi, dans un français impeccable appris à l'école, comment il est devenu un militaire reconnu et choisi, insiste-t-il, pour faire partie de la garde présidentielle lorsqu'il était encore tireur d'élite. Il se décrit d'ailleurs lui-même comme faisant partie des "autorités" de son pays.
Il ne rendra pas les armes. De cette époque, Pascal Simbikangwa garde l'esprit guerrier. Lui qui aimait la tactique et le commandement des hommes ne compte pas, dit-il, rendre les armes. Il sait pourtant qu'il risque de ne jamais sortir de prison mais ne jette pas un regard au banc des parties civiles.
Pendant six semaines, l'ancien capitaine de l'armée rwandaise est jugé pour "complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité". Il encourt la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté qui pourrait être portée jusqu'à 22 ans.
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