L'ancien capitaine rwandais Pascal Simbikangwa sera jugé du 4 février au 28 mars 2014 devant les assises de Paris, où se tiendra le premier procès en France lié au génocide qui a fait 800.000 morts au Rwanda en 1994, a-t-on appris jeudi de source judiciaire. Il est poursuivi pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité".
Pascal Simbikangwa, paraplégique depuis un accident de la circulation en 1986, avait été interpellé dans une affaire de faux papiers, puis identifié comme étant recherché par Interpol. C'est en vertu du principe de compétence universelle - qui permet aux juridictions françaises d'enquêter sur des crimes internationaux dès lors que l'auteur présumé est en France - qu'avaient été engagées les poursuites contre cet homme de 53 ans.
Il avait été mis en examen en 2009 pour son rôle présumé dans le génocide rwandais, qui a fait 800.000 morts en trois mois selon l'ONU, essentiellement au sein de la population tutsie, mais également parmi les Hutus modérés. Présenté comme un membre de l'Akazu, le premier cercle du pouvoir hutu qui, selon ses accusateurs, a planifié et mis en oeuvre le génocide, Pascal Simbikangwa est notamment accusé d'avoir distribué des armes à des barrières tenues par des miliciens extrémistes hutus Interahamwe et, fort de son influence et de son autorité, de les avoir encouragés à commettre les massacres. Son implication directe dans des tueries, notamment dans le massacre de plus de 1.600 personnes sur la colline de Kesho, dans la préfecture de Gisenyi (nord), n'a pas pu être établie par les juges qui lui prêtent un rôle d'instigateur du génocide.
"Ce procès sera un événement excessivement important. Ce sera le premier, il sera donc historique", a déclaré jeudi Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), organisation traquant les génocidaires présumés, qui avait déposé la plainte à l'origine de l'affaire.