Après avoir décidé, jeudi dernier, d'interdire la venue de quatre prédicateurs conviés au rassemblement annuel de l'Union des organisations islamistes de France (UOIF), le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a ordonné l'expulsion de trois imams radicaux et deux militants islamistes étrangers pour atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat, a annoncé le ministère lundi.
"Rejet de l'Occident" et "port du voile intégral"
Deux de ces islamistes ont d'ores et déjà été expulsés lundi : Ali Belhadad, militant islamiste algérien, condamné pour son rôle dans les attentats de Marrakech en 1994 et qui, selon l'Intérieur, avait "repris au cours des semaines passées des relations assidues avec la mouvance islamiste radicale", a rejoint son pays lundi.
Almany Baradji, imam malien, qui "promeut dans ses prêches l'antisémitisme, le port du voile intégral, le rejet de l'Occident et l'éducation des adolescents jugés difficiles dans des écoles coraniques à l'étranger", a, lui aussi, rejoint son pays d'origine dès lundi.
Un imam de nationalité saoudienne a fait l'objet d'un arrêté d'expulsion : il s'agit de Saad Nasser Alshatry, qui, selon la même source, prônait dans ses prêches "l'isolement des femmes, le repli communautaire des musulmans, le commerce de la drogue et l'acquisition de la nationalité française pour faciliter le prosélytisme musulman". L'homme fera l'objet d'une procédure de refoulement s'il devait tenter de rentrer en France d'où il est absent actuellement.
D'autres mesures du même type annoncées
Malek Drine, un militant islamiste de nationalité tunisienne et Yusuf Yuksel un imam de nationalité turque "feront prochainement l'objet d'une procédure d'expulsion", précise le ministère dans son communiqué. Comme tous deux ont des attaches familiales en France, il faudra d'abord toutefois qu'une commission d'expulsion donne son feu vert.
Ces expulsions interviennent à quelques jours du congrès de l'UOIF et après l'affaire Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban se revendiquant d'Al-Qaïda. D'autres mesures du même type seront menées ultérieurement.
"Aucune indulgence" promet Nicolas Sarkozy
En déplacement à Nancy, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs promis lundi qu'il n'y aurait "aucune indulgence" à l'endroit des islamistes radicaux présents sur le territoire français. "J'adresse un avertissement très clair mais qui doit être bien entendu: tous ceux qui tiendront des propos contraires aux valeurs de la République seront instantanément mis dehors du territoire de la République française, il n'y aura pas d'exception, il n'y aura aucune indulgence", a -t-il déclaré lors d'une réunion publique de campagne.
Il s'agit d'une accélération des procédures d'expulsion : en dix ans, 146 islamistes dont 34 imams ont été expulsés de France.