Il voulait la peau d'Antoine Frérot, Henri Proglio serait près d'obtenir gain de cause. D'après les informations des Echos lundi, le PDG d'EDF et plusieurs administrateurs du spécialiste des services à l'environnement s'apprêteraient, en effet, à demander la tête du PDG de Veolia Environnement. Le quotidien prédit ainsi un conseil d'administration décisif le 29 février prochain qui pourrait voir Jean-Louis Borloo prendre le fauteuil d'Antoine Frérot. Une information que l'ancien ministre a démenti plus tard dans la journée de lundi.
Depuis 10 jours, ils ne s'adresseraient plus la parole
Comment l'ancien fidèle de Proglio, son "ami de 20 ans", est-il devenu le frère ennemi du patron d'EDF ? Depuis 10 jours, les deux anciens "amis de vingt ans" ne s'adresseraient même plus la parole croit savoir Le Monde. "Frérot a demandé à Proglio si c'était vrai qu'il contactait les administrateurs pour le faire remplacer et il a refusé de lui répondre", a confié un proche des deux hommes au quotidien du soir.
A quand remonte la disgrâce ? Difficile de le dire précisément mais une chose est sûre : lorsqu'en 2009 Henri Proglio a été appelé à la tête d'EDF, il a lui-même œuvré pour qu'Antoine Frérot, son bras droit d'alors, lui succède à la tête de Veolia Environnement.
Que s'est-il passé depuis ? Henri Proglio serait mécontent de la restructuration de Veolia engagé par le polytechnicien. D'après la lettre spécialisée dans les transports Mobilettre, Proglio dirait à qui veut l'entendre qu'"Antoine Frérot n'est pas capable de sauver le groupe, en pleine tourmente". Veolia Environnement a affiché l'an dernier l'une des pires performances du CAC 40 et, d'après l'hebdomadaire Challenges, le groupe, qui publiera ses résultats annuels le 1er mars, accuserait une perte nette d'environ 200 millions d'euros en 2011.
"Proglio n'arrive pas à couper le cordon"
"La vérité, c'est que Proglio n'arrive pas à couper le cordon", avance de son côté un administrateur de Veolia cité par Le Monde. Avant de céder face à la polémique sur sa double casquette, Henri Proglio n'avait-il pas tenté de garder les commandes de Veolia après sa nomination à la tête d'EDF ? En cédant la présidence du groupe à son lieutenant, Henri Proglio imaginait sans doute que ce dernier lui ferait allégeance.
Or depuis son arrivée à la tête du groupe, Antoine Frérot a opéré un changement radical par rapport à Henri Proglio, qui avait multiplié les acquisitions à l'international pour faire grossir Veolia. Frérot a ainsi lancé l'an dernier un recentrage des activités de Veolia sur moins de 40 pays à l'horizon 2013, contre près du double jusqu'ici. Il a aussi annoncé en décembre qu'il allait abandonner les transports publics pour se concentrer sur l'eau, les déchets et les services énergétiques. Surtout, il aurait entrepris de solder certains dossiers encombrants laissés par son prédécesseur, relate Libération.
D'après Le Monde, l'entourage d'Antoine Frérot veut encore croire, malgré tout, que rien n'est joué.