Neuvième jour de grève et le conflit demeure à la SNCF. Guillaume Pépy lance un message aux cheminots en grève, mais aussi aux usagers, rappelant son attachement au droit de grève, mais militant pour la réforme ferroviaire. "Sauver le système ferroviaire, c’est réformer, et réformer, c’est négocier", assure le patron de la SNCF dans une interview au Parisien, Aujourd’hui en France.
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Une négociation ouverte. "Les cheminots sont légitimistes. Ils respectent les lois. L'Assemblée nationale vote aujourd'hui la réforme ferroviaire... Une fois que la démocratie s'est exprimée, il serait à l'honneur du mouvement qu'il s'arrête", explique Guillaume Pepy avant de lancer : "Il est temps de se remettre au travail au service public." Le patron de la SNCF, rappelle également que Frédéric Cuvillier, le secrétaire d’Etat aux Transports, a rencontré tous les syndicats "une dizaine de fois", et que le mouvement de grève a débuté car "certains (syndicats, ndlr) ont changé d’avis (…) et des craintes ont été agitées", comme la dégradation des conditions de travail.
Pas de "prime à la grève". La possibilité de négocier avec les grévistes pour éviter l’enlisement du conflit et la reprise rapide du travail est balayée par Guillaume Pépy. "Les voyageurs sont hyper pénalisés. Imaginez leur réaction, si on proposait que la récompense de dix jours de grève, c’est une augmentation de salaire ou une diminution de la productivité ou l’arrêt de la modernisation. Ce serait une prime à la grève", assure le patron de la SNCF. Il préfère donc indemniser en partie les usagers en accordant une réduction de 33% de l’abonnement au mois de juillet.
Une grève coûteuse. Le patron de la SNCF s’inquiète également des répercussions de la grève sur la santé économique de l’entreprise. "On a perdu 153 millions, ça fait 15 trains franciliens. Soit un tiers de notre résultat de l'année dernière", détaille Guillaume Pépy. Plus inquiétant : les conséquences du mouvement sur le fret. "La moitié des marchandises qui étaient sur les trains sont passées par la route. Il y a des risques que des entreprises ne reviennent pas. Il y a une perte de confiance, et ça, c’est grave", assure Guillaume Pépy. Des pertes qui risquent de venir gonfler les dettes de la compagnie, qui s’élèvent à 44 milliards d’euros. "La France a laissé passer le tournant des années 1990", se désole le PDG, reconnaissant "qu’il n’y a pas de solution immédiate" à ce problème.
Un mouvement qui s’essouffle. Le taux de participation à la grève est en chute libre depuis le début du mouvement, malgré la longueur exceptionnelle du conflit. "Oui, il y a un mouvement de grève mais 90% des cheminots sont au travail. Aujourd’hui, il y a plus de gilets rouges que de grévistes : 12.000 pour 10.900 », précise Guillaume Pépy. Le patron rappelle également que la SNCF compte 150.000 salariés et que mercredi, "sur les 92.000" qui devaient travailler, seulement 10.900 était en grève. Toutefois, il s’inquiète des conséquences à long terme de cette grève : "Il y a un risque que ça laisse des traces à cause de ces clivages, des pressions qu’il y a eus entre grévistes et ceux qui travaillent".
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