Il a perdu 19 kilos en 44 jours. Guy Orsoni, mis en examen dans trois dossiers criminels et en grève de la faim pour protester contre les conditions d'instruction de son dossier, est dans un état "dramatique", ont dénoncé ses avocats mardi. Le fils d'Alain Orsoni, l'ancien dirigeant nationaliste et président du club de football Athletic Club Ajaccio, a été transféré à l'hôpital de Grasse la semaine dernière après un malaise.
Le détenu, qui clame son innocence, a réintégré lundi la prison, après avoir refusé d'être placé sous perfusion. Me Frédérique Campana, sa mère, qui est aussi son avocate, l'a trouvé "extrêmement affaibli". "Il avait du mal à se tenir debout, à concentrer son attention, il restait la plupart du temps les yeux fermés", décrit-elle, jugeant la santé de son fils "réellement en danger".
Des "méthodes déloyales"
Guy Orsoni a été mis en examen le 15 avril 2011 pour "assassinats en bande organisée et association de malfaiteurs", dans l'enquête sur quatre assassinats commis à Ajaccio et dans ses environs en 2009. Remis en liberté pour deux des homicides, il est toujours détenu pour les deux autres assassinats et dénonce la façon dont la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille instruit les affaires le concernant.
Un de ses avocats, Me Camille Romani, dénonce les "méthodes déloyales" d'une "juridiction qui privilégie systématiquement toutes les procédures d'exception prévues par le code de procédure pénale".
Une "machine infernale"
Pour les avocats, l'accusation ne repose que sur "des renseignements anonymes et témoignages sous X" au caractère "fantaisiste". Toutes leurs demandes de remises en liberté ont été rejetées, soulignent-ils, alors même que Guy Orsoni est d'accord pour un "contrôle judiciaire strict" à Paris avec un bracelet électronique. Les avocats ajoutent également que la plupart des personnes poursuivies pour les mêmes chefs que Guy Orsoni ont été remis en liberté provisoire.
Guy Orsoni est "désespéré", selon Me Camille Romani. "Il sait que cette machine infernale est en train de le broyer et que tous nos effort seront vains", dit-il.
Le gréviste de la faim a reçu le soutien de Michel Tubiana, président d'honneur de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et une campagne de soutien a été lancée en Corse, à laquelle participe son père, Alain, 58 ans, lui aussi en grève de la faim depuis la mi-février.