Alors que 100% des utilisatrices de transports ont subi une agression sexuelle ou un harcèlement, un rapport remis au gouvernement jeudi propose plusieurs mesures pour lutter contre ce fléau.
Sifflement, insultes, parfois même des attouchements… le harcèlement de rue est un phénomène auquel le gouvernement veut s'attaquer. Un plan spécifique concernant les transports en communs est d'ailleurs en préparation pour juin. Il s'inspirera directement d'un rapport du Haut conseil à l'égalité hommes femmes remis jeudi à Pascale Boitard, secrétaire d'Etat chargée des Droits des femmes. En plus de proposer des mesures concrètes, il rappelle qu'insulter une femme ou la toucher sans son consentement ne sont pas seulement un manque de respect, ce sont aussi des comportements punis par la loi.
Des SMS d'alerte. Le Haut conseil souhaite mieux faire connaître le 3117, le numéro d'alerte de la SNCF. Il pourrait être élargi aux autres transports comme le métro ou le bus. Et pour permettre aux témoins, souvent démunis face à une agression, d'être plus réactifs, il serait envisagé de pouvoir envoyer un SMS, plus rapide et beaucoup plus discret qu'un coup de fil. Le Haut Conseil propose aussi de mieux mettre en avant les bornes d'urgence sur les quais, en rendant possible la mention "violences" comme motif de recours. Les professionnels des transports en communs, enfin, pourraient être mieux formés à réagir aux situations de harcèlement et à orienter les victimes.
Des arrêt d'urgence. Une autre préconisation du Haut conseil, en provenance du Canada, concerne l'arrêt à la demande. C'est ainsi qu'après 20 heures, une femme pourrait demander à un chauffeur de bus de s'arrêter n'importe où entre deux arrêts pour qu'elle puisse rentrer plus vite chez elle et éviter ainsi de longs trajets à pied.
Des affiches placardées dans le métro. Le Haut conseil propose enfin de condamner de manière visible le harcèlement. Des affiches placardées dans les couloirs du métro, comme aux États-Unis, pourraient porter des messages du type : "gardez vos mains loin de moi" ou encore "quand je dis non, c'est non".
Le collectif "Stop harcèlement de rue" a d'ailleurs proposé mercredi une affiche de ce type à la RATP :
Et alors que des messages sonores alertent actuellement les passagers contre les pickpockets, demain, ils pourraient rappeler qu'une main aux fesses est passible de 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende.
"Circuler, une liberté fondamentale". Le harcèlement dans les transports en commun a été longtemps un phénomène occulté. Or, 100% de ses utilisatrices ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle, rappelle le Haut Conseil. Dans les transports franciliens, six femmes sur dix craignent une agression ou un vol contre trois hommes sur dix.
Dans les transports en publics, deux-tiers des victimes d'injures et insultes sont des femmes, tout comme l'écrasante majorité des victimes de violences sexuelles. "Les femmes doivent pouvoir circuler et occuper l'espace public sans être mises en danger ou menacées de l'être", a rappelé Pascale Boitard, lors de la remise du rapport, "une liberté fondamentale", selon elle.
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