Pour lutter contre le harcèlement à l'école, l’Education nationale va non seulement essayer de nouvelles formations et médiations, mais aussi et surtout faire preuve d’une vigilance renforcée.
Selon une étude récente du chercheur Eric Debarbieux, plus d'un écolier français sur dix dit avoir déjà été harcelé, victime de violences physiques ou verbales répétées. Prenant acte du retard de la France dans ce domaine, le ministre de l’Education nationale a annoncé de nouvelles mesures.
Chatel reconnait un manque de vigilance
"Jusqu'alors, on ne tenait, la plupart du temps, pas compte des faits de harcèlement à l'école", a pourtant déploré lundi à Paris le ministre de l'Education nationale Luc Chatel, en ouverture d'"assises nationales" de deux jours sur le sujet.
"Nous avons fait le lit d'une violence insondable parce que nous n'avons pas voulu la sonder", a-t-il ajouté, en citant l'exemple d'un adolescent jugé "trop intello" par ses supposés camarades et qui a dû suivre sa 3ème à domicile, son psychologue ayant attesté que le jeune garçon avait dû "subir et supporter des violences et des humiliations jusqu'au point de rupture".
Une panoplie de mesures
A l'automne, un guide sur le harcèlement réalisé par des pédopsychiatres sera mis à disposition "de toutes les équipes éducatives" et une "campagne d'information nationale" sera lancée en direction des enfants et des parents via un site internet.
Les enquêtes de victimation seront poursuivies, un "guide de procédure" sera distribué aux chefs d'établissement, notamment pour prévenir le harcèlement via Internet et les réseaux sociaux, et un numéro d'appel unique sera créé pour les victimes.
Trois types d'expérimentations vont aussi être lancés dans des établissements volontaires : formation des personnels des écoles primaires, médiation entre élèves de collèges et lycées, et élaboration d'outils pédagogiques.
Mea-culpa et demande de moyens des enseignants
Des mesures jugées légères par Christian Chevalier, qui dirige en France le deuxième syndicat du primaire (SE-Unsa) : "le rapport Debarbieux m'a décillé les yeux sur la méconnaissance que nous avions du harcèlement et des méfaits que ça peut engendrer", a-t-il réagi . "Mais pour ce qui est des annonces du ministre, c'est léger. J'attendais quelque chose de plus charpenté sur la formation des enseignants. On voit bien que ce dossier embarrasse", a-t-il ajouté.
A l'heure des économies budgétaires, Luc Chatel a lui assuré que l'enjeu du harcèlement "ne relevait pas de la question des postes", mais "d'une mobilisation générale et fédérée, d'une vigilance et d'une écoute constante".