L'INFO. Annoncer radars et contrôles routiers ... Flash FM, une radio locale émettant depuis les environs de Limoges, en Haute-Vienne, en a fait son fond de commerce. Et ça marche : en trois ans, grâce à cette pratique, la station a doublé son nombre d'auditeurs quotidiens en passant de 13.000 à 26.300. Problème : les gendarmes ne goûtent pas du tout ce succès et ont alerté le procureur de la République. En décembre dernier, le magistrat a ainsi adressé une lettre au directeur de la radio, rapporte lundi Le Populaire du Centre.
Une entrave à la lutte contre le cambriolage. Dans ce courrier, Michel Garrande pointe "une entrave au bon fonctionnement des services de la gendarmerie dans le département". Pis, l'annonce systématique de la présence des gendarmes sur la route entraverait "la lutte contre les cambriolages", regrette-t-il. Selon le procureur "une prolifération des cambriolages" a été constatée sur le département. "Je demande fréquemment des contrôle d'identités, des ouvertures de coffres", précise-t-il dans les colonnes du quotidien régional. "Il est évident que si les cambrioleurs sont alertés par la radio, c'est gênant", poursuit le magistrat, ajoutant qu'il ne vise pour sa part aucunement l'annonce des contrôles radars… contrairement aux gendarmes.
"Notre travail est remis en cause". Du côté des "képis", ce sont bien tous les contrôles, radars ou cambriolages, que l'on estime compromis. "On sait que nous ne pouvons pas leur interdire mais ça nous fait du tort", regrette Julien Barousse, chef de l'escadron départemental de la sécurité routière (EDSR). "L'outil est très efficace et les chauffards voient dans cette radio une aubaine. C'est un peu pénible", confie le gendarme au journal. "Certes, l'animateur donne un message préventif chaque fois, mais notre travail, très ciblé sur les grandes vitesses, l'alcoolémie et les stupéfiants est remis en cause par la radio. C'est contre-productif", assure-t-il.
Flash FM continuera "toujours". Flash FM se défend quant à elle, par la voix de son animateur vedette, de vouloir saboter le travail de la gendarmerie et reste bien décidée à poursuivre son action."Nous ne voulons en aucun cas mettre des bâtons dans les roues des gendarmes en rendant publics les contrôles destinés à intercepter des cambrioleurs", explique Denis Surfys. La voix de "radio radar" assure comprendre les arguments des militaires et projette de demander un entretien avec le procureur afin d'éclaircir son point de vue. Le journaliste explique également avoir demandé à ses auditeurs d'affiner leurs signalements en se bornant aux seuls contrôles routiers. Rappelant que des applications et des groupes Facebook assurent déjà le même "service", parfois de la propre initiative des gendarmes eux-mêmes, le journaliste se refuse d'abandonner cette pratique. "Flash FM continuera toujours d'annoncer les radars". Question de prédestination, assurément, et de logique commerciale, certainement.
ZOOM - Quand les gendarmes informent sur les radars via Facebook