L'actu. Le président qui quitte l'Elysée discrètement sur un scooter, sans protection rapprochée... C'est la scène que décrit Closer à propos de la liaison supposée de François Hollande avec l'actrice Julie Gayet. Un comportement inhabituel pour un chef de l'Etat, d'ordinaire suivi par plusieurs policiers pour assurer sa sécurité. Le président a-t-il pris des risques pour tenir secrète une liaison ? "Pas forcément", estime René-Georges Querry qui a dirigé le service de protection des hautes personnalités (SPHP), sous la présidence de François Mitterrand.
Des hommes de confiance. Habituellement, le chef de l'Etat est protégé par une escorte policière et suivi par des voitures et des motos. Mais pour se rendre rue du Cirque, à quelques pas seulement de l'Elysée, où, selon le magazine people, il rejoignait la comédienne, François Hollande préférait la discrétion. Il se déplaçait ainsi à scooter et seule une poignée d'officiers de sécurité étaient dans la confidence. Des hommes d'une grande loyauté qui ont toute la confiance du chef de l'Etat.
"Une prise de risque limitée". "Je ne vois pas là de risque inconsidéré", affirme René-Georges Querry sur Europe 1. "Il y a peut-être un petit risque lorsqu'il circule sur le scooter car on n'est jamais à l'abri d'un accident. Mais pour le reste, le parcours est très court, il rentre très vite dans le porche. Je pense qu'en terme de sécurité, la prise de risque est limitée", poursuit l'ancien policier.
D'ailleurs, selon lui, un déplacement officiel représente plus de risques pour le président. "Un individu, qui est prêt à payer de sa vie pour assassiner le chef de l'Etat, peut profiter d'un déplacement officiel pour le faire, malgré toutes les mesures qui sont prises", estime-t-il.
Pour l'ancien policier, le seul risque résidait dans la répétition de ces déplacements. "On prend le risque, et c'est ce qui s'est produit, d'avoir une indiscrétion", estime René-Georges Querry. C'est d'ailleurs en suivant les déplacements de Julie Gayet, et pas ceux du président, que les photographes ont débusqué cette adresse secrète.
"Rester discret sur ce qu'il voit". D'ailleurs, pour René-Georges Querry, il est tout à fait plausible, que les magazines people aient été informés de la situation avant les proches du président. "L'officier de sécurité qui donnerait des informations sur la vie privée à sa hiérarchie sur la personnalité qu'il protège commettrait une faute professionnelle et pire, à mes yeux, une faute morale. Il doit rester discret, voire secret, sur ce qu'il peut observer", juge l'ex-flic.
Le président décide de sa protection. Dernier détail, en France, même si l'Elysée dispose de moyens de surveillance discrets pour protéger en permanence le chef de l'Etat, le président est seul décisionnaire pour sa sécurité. "Si le président regarde ses officiers de sécurité dans les yeux en leur disant, 'on part à trois pour aller se balader', ou même 'je pars sans officier de sécurité', c'est vraiment difficile de lui dire non et lui imposer cette sécurité. Dans ce cas-là, on s'adapte à ses ordres, en essayant de faire du mieux", explique René-Georges Querry.
Christian Prouteau "effondré". Un état de fait qu'a regretté mardi, au micro d'Europe 1, Christian Prouteau, fondateur du GIGN, qui a travaillé pendant 13 ans au sein du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) à la sécurité du président Mitterrand. "J'étais un peu effondré", a-t-il confié quant à sa réaction à la publication des images. "J'ai mis en place un système qui n'existait pas avant. Je me dis que l'on a l'impression de réinventer la roue", a-t-il déploré. "Ce travail qui a été fait pendant 13 ans, cette unité qui était considérée, à l'instar du GIGN, comme une des meilleures unités du monde en la matière, aurait été bien utile dans sa conception de l'époque", a-t-il poursuivi. "Les hommes de cette unité n'y sont peut-être pour rien. La personnalité du président ou du président précédent également, qui avait remanié beaucoup de choses, y sont pour beaucoup également", a concédé Christian Prouteau. Pour lui, l’enjeu est toutefois plus important que la personne : "cela pose le problème du président de la République, et non pas de monsieur Hollande", a-t-il conclu.