Le rendez-vous. François Hollande va faire face jeudi à la première journée de manifestations de fonctionnaires de son quinquennat. A l'appel de la CGT, la FSU et de Solidaire, les 5,2 millions d'agents de l’État, des collectivités locales et des hôpitaux sont invités à cesser le travail et à manifester dans toute la France. Contre quoi ? Le gel des salaires, d'une part, qui remonte à 2010 et devrait se poursuivre cette année. Les réductions d'effectifs, d'autre part, qui viennent compenser, dans les ministères non-prioritaires, les augmentations du personnel dans la Police, la Justice et l’Éducation. Mais ils descendent également dans la rue contre la "journée de carence", mise en place il y a un an dans la fonction publique par l'ancienne majorité.
>>> Pourtant, selon les informations recueillies par Europe1, cette mesure qui doit permettre de lutter contre l'absentéisme au travail commence à porter ses fruits. On vous explique tout.
La journée de carence, c'est quoi ? La mesure s'applique aux arrêts maladies des agents de la Fonction publique. Elle se traduit par le fait que la première journée d'un arrêt-maladie n'est plus indemnisée. La gauche avait vivement combattu ce projet de loi du gouvernement Fillon, avant sa mise en vigueur il y a un an. Depuis qu'elle est au pouvoir, la nouvelle majorité ne s'est toujours pas exprimée sur le sujet. Et pour cause : la mesure semble bien enrayer l'absentéisme et faire souffler les caisses des établissements publics.
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Des résultats probants partout en France. Il n'existe pas de bilan officiel, mais des tendances émergent clairement, en tout cas dans les hôpitaux français. Selon les informations d'Europe 1, dans la moitié des plus gros établissements (les CHU), on constate ainsi une baisse de l'absentéisme depuis un an. C'est le cas à Strasbourg, à Lyon, Reims, Rouen, Nice, Dijon, Nantes ou Rennes. Et dans l'autre moitié, s'il n'y a pas de baisse, il y a un coup d'arrêt, alors que l'absentéisme était à la hausse les années précédentes. Le gouvernement attend de son côté pour se prononcer un rapport sur le sujet pour la fin février.
"Certains payent pour les autres"
Le bonheur des directeurs… "Il y a bien un léger recul de l'absentéisme. Même si on ne peut pas le quantifier, cela représente tout de même une économie annuelle de 400.000 euros pour l'hôpital, c'est à dire 0,2% de la masse salariale, soit 10 emplois", témoigne ainsi au micro d'Europe 1 Pierre-Charles Pons, directeur général du CHU de Dijon, qui emploie 6.500 agents. "Cela fait des économies grâce aux jours de carences non payés. Et cela freine les arrêts de courtes durées, donc cela entraîne moins de désorganisation", se réjouit-il.
Même son de cloche en région parisienne. "Nous enregistrons une baisse de 20% de l'absentéisme pour des maladies ordinaires. Ces 20% représentent à peu près 4.600 jours de travail sur ensemble personnel, soit 150.000 euros d'économie par an", décrit Luce Legendre, DRH des hôpitaux de Saint-Maurice dans le Val de Marne (2.400 agents). Pour elle, l'effet de la mesure sarkozyste ne fait aucun doute : "c'est la première fois qu'on observe une telle tendance. Pour une journée non travaillée, l'employeur prélève 1/30e du salaire de la personne. Sur les salaires modestes, c'est une somme importante. C'est dissuasif."
… Et le malheur des employés. "Un jour que j'étais en arrêt maladie, ils m'ont pris 50 euros, plus 10 euros sur ma prime. Je ne trouve pas ça normal", déplore Myriam, agent de service hospitalier à Strasbourg, contactée par Europe1, qui avoue que "ça fait réfléchir". "C'est anormal pour ceux qui ne prennent jamais d'arrêt et on besoin de deux ou trois jours. Ils payent pour les autres", regrette également Marguerite, une de ses collègues.
Quel système dans le privé ? Les salariés hors fonction publique doivent se soumettre à trois jours de carence. Ils sont ainsi privés de salaire, lors d'arrêts maladie, durant une période trois fois plus longue que dans le public… en théorie. Car dans beaucoup d'entreprises, surtout les grandes, des contrats sont passés avec les mutuelles pour indemniser le salarié en arrêt maladie. De quoi faire crier les salariés du public, et, il y a un an, la gauche, à l'injustice.