La desserte des gares de Lille et de Calais, dans la région Nord Pas-de-Calais, est menacée par une querelle qui la dépasse, opposant la Belgique et le Royaume-Uni, révèle vendredi Europe 1. En cause, un imbroglio diplomatique qui pourrait priver Calais d’Eurostar et réduire de deux tiers le trafic à Lille.
Une question de contrôle aux frontières
Le Royaume-Uni fait partie de l’Union Européenne mais il reste une île en dehors de l’espace Schengen. Les Britanniques sont donc très sourcilleux sur les contrôles à la frontière et se sont offusqués d’un reportage montrant qu’on pouvait rejoindre Londres depuis Bruxelles tout en évitant les contrôles douaniers.
Les Britanniques souhaitent contrôler à Bruxelles, avant l'embarquement, tous les voyageurs à destination de Londres. Mais les Belges refusent que les passagers qui descendent à Lille et à Calais soient contrôlés, provoquant un blocage qui pourrait amener à la suppression de la desserte de Calais et à la réduction des arrêts à Lille.
La SNCF s’inquiète
Côté SNCF, on s’inquiète donc des possibles conséquences de cet imbroglio douanier. "C'est une question grave pour Calais et il faut agir vis à vis des belges et des anglais", a donc écrit Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, à la fin d'une lettre adressée au gouvernement, et qu'Europe 1 s'est procurée.
"Les autorités britanniques ont officiellement demandé à Eurostar, en décembre 2011, de mettre fin à cette situation en cessant de vendre des titres de transports entre Bruxelles et Lille/Calais", précise le courrier, avant d’ajouter : "cela se traduirait, pour la desserte Bruxelles-Lille, par une réduction de 6 à 14 du nombre de trains. La desserte Bruxelles-Calais serait quant à elle rendue impossible".
Inimaginable "qu’on ne trouve pas de solution"
Le gouvernement français assure être déjà sur le pont. "On a construit des lignes à grande vitesse qui ont coûté cher au contribuable européen. On ne peut pas imaginer qu’on ne trouve pas de solution", a assuré sur Europe 1 le ministre des Transports Thierry Mariani.
"Un Français ou un Belge qui veut aller de Bruxelles à Lille, c’est quand même la moindre des choses qu’il puisse emprunter le TGV et qu’on ne lui réclame aucune pièce d’identité. C’est l’Europe et c’est l’espace Schengen", a-t-il ajouté.
Des contrôles à bord des trains ?
La question sera évoquée lors du sommet franco-britannique programmé le 17 février à l'Elysée. Alain Juppé devrait demander aux Britanniques de trouver une solution.
Pour sortir de l'impasse, la France va proposer que les contrôles douaniers se fassent à l'intérieur du train, avant l'arrivée à Londres mais après la desserte de Calais. Reste à persuader les Belges et les Britanniques du bien-fondé de cette solution.