"On me demandait de raconter tous les faits et gestes de mes collègues". Une ancienne responsable de rayon de chez Ikea a confié au micro d'Europe 1 les méthodes de sa direction, alors que le géant du meuble est accusé de pratiques de flicage de son personnel et de ses clients.
"Tout devait être mis sur clé USB"
"Concrètement, on nous demandait de faire un tableau avec tous nos vendeurs, avec du positif et du négatif. Bien sûr, il fallait mettre du positif de façon à ce que si quelqu'un tombait sur le dossier il n'y ait pas de souci", raconte la jeune femme de 32 ans, qui préfère rester anonyme.
"On devait tout noter : date et heures", explique celle qui a travaillé dans un magasin du groupe suédois pendant un an, de 2009 à 2010. Et précise-t-elle, "on nous demandait de ne pas laisser traîner (ce document, ndlr) sur les disques durs. Tout devait être mis sur clé USB de façon à ce que ce soit en sécurité."
"C'est un vrai harcèlement" :
La jeune femme a été licenciée, justement parce qu'elle a refusé de rentrer dans le système et de "fliquer" ses employés. "Je ne rentrais pas dans les critères d'un bon manager Ikea", ironise-t-elle.
"Il n'y avait pas de faute grave"
Un soir, elle a été convoquée par son supérieur hiérarchique. La direction avait "un dossier d'une dizaine de centimètres à (son) sujet". Là, "ils ont commencé à énumérer tous les torts de mon travail. Il n'y avait pas de faute grave. Mais ils ont dit qu'il y avait suffisamment d'éléments pour me licencier", raconte l'ancienne employée.
Ikea a annoncé mercredi qu'il lançait une enquête interne "pour obtenir la vision la plus complète de ce qu'il s'est passé dans les faits".