Il n’a pas survécu à la traversée. Jaouer ne souhaitait qu’une seule chose : rejoindre son frère en France, Wissem, et suivre une formation de maçon. Pour accomplir son rêve, ce jeune Tunisien de 21 ans a payé 1.200 euros pour partir de Sfax vers l’Europe et la si célèbre destination des immigrés Lampedusa, en Italie. Wissem, 37 ans et installé légalement en région parisienne, a mené sa propre enquête pour découvrir dans quelles circonstances était mort son frère.
Le 13 mars, le grand jour
Jaouer a dû attendre le 13 mars avant de pouvoir monter enfin sur l’un des bateaux des passeurs. C’était sa 17e tentative pour tenter de gagner le Vieux continent. Deux barques de pêcheurs attendaient les immigrés. Jaouer a grimpé dans la plus petite, celle de six mètres et qui pouvait normalement accueillir 20 personnes. Finalement, ils étaient 40 dedans.
Ce qui était prévisible est arrivé. Au bout de deux heures, le bateau de pêcheur a pris l’eau. L’appel au secours lancé par le capitaine aux gardes côtes est resté sans réponse. Et les voyageurs ont décidé de se séparer d'un des clandestins : un homme très imposant. Mais en tentant de sacrifier le plus lourd de tous, le navire a chaviré et nombreux sont ceux qui, ne savant pas nager, ont coulé. Pas Jaouer, ni six autres sans papiers.
Héroïquement, comme l’a raconté Wissem au micro d’Europe 1, "Jaouer s’est tenu à une planche". Il a tenu durant plus de huit heures, avant de ne lâcher prise, vingt minutes avant d’être sauvé.
"Il a coulé" :
Cinq personnes de l’embarcation de Jaouer ont finalement pu être secourues. Et ce sont ces personnes que Wissem a retrouvées au centre de rétention de Lampedusa et qui lui ont raconté les derniers instants de vie de son frère. Un jeune homme qui a été salué par plus d’un millier de personnes à son enterrement.
Ironie du sort, Wissem avait prévu de recevoir son frère devant l’été. Il était en train d’établir des papiers pour que Jaouer vienne en France, en toute légalité. Mais le jeune homme voulait rejoindre son frère au plus vite. Pour Wissem, "c’est l’envie qui l’a poussé à la mort".