C'est le procès d'une évasion un peu particulière qui s'est ouvert jeudi devant le tribunal correctionnel d'Auxerre. En 2009, Mohamed Amrani, alors âgé de 39 ans, purge une peine de peine de 18 ans de réclusion criminelle pour un braquage avec tentative de meurtre. Ne pouvant s'y résoudre, le 8 septembre, il se fait la belle du centre de détention de Joux-la-Ville, dans l'Yonne, grâce à un procédé audacieux : caché au milieu de cageots d'oignons conditionnés en palettes dans les ateliers du centre de détention… puis chargés dans un camion.
Une évasion qui suscite alors de vives réactions : à une heure d'intervalle et à une quarantaine de kilomètres de là, Jean-Pierre Treiber, l'assassin présumé de Géraldine Giraud et Kathia Lherbier, s'évadait de la prison d'Auxerre dissimulé dans un carton… chargé dans un camion.
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Plan épervier et mandat européen
Alors que les médias se focalisent sur Jean-Pierre Treiber, de leur côté, les gendarmes ne ménagent pas leurs efforts pour retrouver Amrani. Son profil d'homme jugé dangereux provoque le déclenchement du plan Épervier et le déploiement de 200 militaires entre la Drôme et l'Ardèche, originaire d'Aubenas, bénéficie de soutiens potentiels.
Puis, rapidement, le fugitif fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen, les enquêteurs craignant une fuite vers le Maroc via l'Espagne. Et ils avaient vu juste.
L'affaire en image, résumée par France 3 Bourgogne :
Repéré en Ardèche, arrêté en Espagne
C'est à quelques 500 kilomètres de l'Yonne, en Ardèche, que les enquêteurs retrouvent la trace du fugitif. Mohamed Amrani est alors hébergé par un ami, qui comparaît d'ailleurs à ses côtés jeudi pour complicité. Dans un restaurant, les deux hommes ont été repérés par le propriétaire qui donne l'alerte. De nouveau en fuite, Amrani force alors deux femmes à le conduire jusqu'à Aubenas puis disparaît.
Ce n'est que 6 mois plus tard que le braqueur ressurgit. Alors que Jean-Pierre Treiber, arrêté au bout de trois mois de cavales, vient de se suicider dans sa cellule de Fleury-Merogis, Mohamed Amrani est interpellé le 23 mars 2010, à Reus, en Catalogne, lors d'un banal contrôle routier. Dans son véhicule, les forces de l'ordre espagnoles découvrent des cagoules, une arme de poing et de l'argent en liquide.
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Avant son évasion, Mohamed Amrani était libérable en 2017. Cette nouvelle comparution pour évasion et port d'arme prohibé le menace de trois années de détention supplémentaires.