Ancien commissaire divisionnaire venant de prendre sa retraite, Eric Stemmelen a été affecté pendant sept ans au service des voyages officiels et de la sécurité des hautes personnalités (SPHP). Ce service fête ses 75 ans mercredi.
Sept années au cours desquelles il a côtoyé les plus grands dirigeants du monde. Son rôle : assurer la protection du président de la République lors de ses déplacements hors de l’Hexagone, mais aussi des personnalités étrangères en visite officielle en France.
Protection physique et de l’image
Mais sa mission de protection ne s’arrêtait pas aux menaces d’attentat. Eric Stemmelen avait aussi pour objectif de protéger l’image des personnalités. "Je me souviens quand Boris Eltsine est venu en France dans les années 90, il n’était pas encore président. Nous étions dans le hall de l’hôtel Crillon à Paris. Boris Eltsine a levé son verre pour porter un toast, mais au lieu de boire sa coupe, il se l’est entièrement renversée sur sa cravate", révèle l’ancien "garde du corps" à Europe1.fr. "Nous l’avons aussitôt évacué, afin de protéger son image".
Mais pour l’ancien commissaire divisionnaire, la protection accordée aux personnalités n’est pas toujours justifiée. "Il y a aujourd’hui une trentaine de personnes protégées qui ne devraient pas l’être". Eric Stemmelen raconte comment certains princes saoudiens, "venus faire du shopping sur la Côte d’Azur", ont bénéficié d’un service de protection "payé avec l’argent du contribuable".
Une décision politique
Depuis 2008, un arrêté stipule qu’une commission doit se réunir pour évaluer les risques auxquels font face certaines personnalité et leur attribuer ou non une protection. "Mais cette commission ne s’est jamais réunie", souligne Eric Stemmelen qui dénonce derrière l’attribution de la protection "une décision politique".
"En cas de situation d’urgence, le ministre de l’Intérieur n’a pas à consulter cette commission", explique-t-il, "mais seulement en cas d’urgence. Or, il y a une trentaine de personnalités qui sont protégées, alors qu’il n’y a pas eu d’autorisation de la commission. Cette protection est en quelque sorte illégale", ajoute-t-il, soulignant que "cela coûte des millions".
Il n’a pas reconnu George Bush
Eric Stemmelen garde une multitude d’anecdotes de ses années passées au sein du SPHP. Il se rappelle particulièrement de la visite de George Bush (père) en 1989 à Paris. Le président américain participait au sommet des pays industrialisés qui se tenait à l’Arche de la Défense.
"Le président souhaitait aller aux toilettes. Je l’ai accompagné et là, un garde républicain, nous voyant arriver, s’est mis en travers de notre chemin et a déclaré : "messieurs vous n’avez pas le droit de passer". Je me suis tout de suite approché pour lui expliquer qu’il s’agissait du président américain. Il ne l’avait pas reconnu et est devenu tout blanc", raconte Eric Stemmelen en riant.