"On nous embobine". C'est une affaire douloureuse qui se tient actuellement au CHU de Poitiers. Un combat mené par des parents contre des médecins qu'ils accusent "d'acharnement thérapeutique" sur leur bébé. Leur petit garçon, prénommé Titouan, est né le 31 août, près de quatre mois avant la date du terme. Deux semaines après sa naissance, il ne pèse toujours que 900 grammes. Titouan a subi une hémorragie cérébrale. L'enfant aura des séquelles mais il est encore impossible pour les médecins de prédire le degré de son handicap. "On nous embobine", dénonce Mélanie, la mère du bébé à Europe 1.
Dialogue de sourds. Pour ses parents, Titouan ne doit plus vivre. Le couple réclame de mettre fin aux soins prodigués à leur bébé. Contre l'avis de l'équipe médicale qui demande du temps et du calme pour évaluer les séquelles lourdes ou moins lourdes de leur enfant. Un dialogue de sourds entre d'un côté, des parents en grande souffrance et de l'autre, une équipe soignante en pleine réflexion sur une décision médicale difficile à prendre.
"Il sera hémiplégique". Les parents de Titouan sont bouleversés. Au micro d'Europe 1, Mélanie, la mère de Titouan, en larmes, dénonce un "acharnement thérapeutique" des médecins. "Notre bébé est sédaté en permanence. De toutes façons, il sera hémiplégique et on nous embobine, on n'arrête pas de nous embobiner", confie t-elle, des sanglots dans la voix. "Les médecins veulent la certitude d'un handicap lourd, ils ont déjà la certitude d'un handicap modéré ou lourd et ça leur suffit pas, voilà", ajoute Mélanie, effondrée.
"Les médecins se cachent derrière la loi". Pour le papa de Titouan, les médecins "se cachent derrière la loi". "Ils en ont rien à fiche de la souffrance de Titouan ou de la nôtre. Ils veulent continuer à faire leur boulot comme on leur demande !", déplore t-il. La loi Leonetti sur la fin de vie permet un arrêt des traitements dans les situations d'"obstination déraisonnable" : les médecins prennent la décision mais la famille doit être consultée. Au CHU de Poitiers, on se refuse à agir sous le coup de l'émotion. "Il y a eu un premier retour d'une concertation collégiale mais on ne peut pas prendre à la va-vite une décision de cette nature", explique-t-on.