La sécurité des aéroports français laisse à désirer. Deux journalistes de France 2 l’ont récemment démontré. Dans un reportage intitulé "Polices privées : la sécurité au rabais", diffusé jeudi soir dans le cadre de l’émission Envoyé Spécial, les deux reporters sont parvenus à déjouer les systèmes de sécurité et à introduire une arme dans deux vols intérieurs : un Paris-Nice le matin du 8 novembre, au départ de Roissy, et un Marseille-Paris dans la soirée du même jour, au départ de l’aéroport de Marseille-Marignane.
"Perfectibilité du système"
L’équipe de journalistes, composée de Linda Bendali et Mathieu Lere, de Ligne de Mire Productions, a fait appel à un spécialiste du secteur aéronautique qui lui a fourni un pistolet semi-automatique de calibre 9 mm. Les reporters ont alors démonté l’arme et l’ont placée dans deux bagages à main différents. Dans les deux cas, les agents de sécurité n’ont pas décelé l’arme. Pire, l’un des journalistes s’est filmé dans les toilettes de l’avion en train de remonter le pistolet.
"Cette affaire, si elle est vraie, démontre la perfectibilité du système et la nécessité de la présence de policiers lors de la formation des agents de sécurité, et pendant les fouilles", a réagi Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat policier Synergie-Officiers, qui n'a pas visionné les images. "Mais on ne peut pas revenir en arrière, le police ne peut pas se substituer aux sociétés de sécurité privées pour les fouilles dans les aéroports", a-t-il estimé.
"Tout ça ne sert à rien"
Le député Charles de Courson avait lui-même testé les systèmes de sécurité dans les aéroports en 2003. Sur onze tentatives, il était parvenu avec un ami à tromper les systèmes de sécurité à dix reprises. Pour l’élu du Nouveau Centre, on se trompe de problème. "Tout ça ne sert à rien", peste-t-il sur Europe 1. "Ces dispositifs qui ont été imposés par l’administration Bush sont totalement inefficaces. Car quel est l’ennemi ? Ce sont des groupes de terroristes qu’il faut arrêter avant qu’ils n’arrivent sur les plateformes. Après, c’est trop tard." Et l’élu de plaider pour des "contrôles très allégés, puisque tous les tests ont montré que ce n’est pas efficace. C’est fait simplement pour rassurer."
La Direction générale de la police nationale (DGPN), comme l'aéroport de Marseille et Aéroports de Paris (ADP), qui gère Roissy-Charles-de-Gaulle, se sont pour l’heure refusés à tout commentaire, souhaitant attendre de voir le reportage avant de réagir.