Le 29 octobre dernier, Tassadit Menni s'immolait par le feu dans le bureau du maire d'Hazebrouck, dans le Nord. Dans la nuit de lundi à mardi, cette femme de 52 ans, mère de deux enfants âgés d'une vingtaine d'années, est morte des suites de ses blessures.
Les faits. Le jour du drame, Tassadit devait s'entretenir avec le député-maire PS Jean-Pierre Allossery. Cinq minutes après le début de son audience, "elle aurait évoqué le besoin de boire, a pris dans son manteau une bouteille d'eau en plastique et s'est aspergée de ce liquide sur elle, qu'elle a enflammé", avait expliqué le procureur de Dunkerque, Philippe Muller. Elle s'était ensuite jetée sur le maire, semble-t-il par réflexe, brûlant légèrement l'élu au cou et sur une main.
Brulée sur 70% du corps
Immédiatement après son geste désespéré, elle avait été transférée au centre des grands brûlés de Lille. Atteinte sur environ 70% du corps, elle avait été placée dans un coma artificiel, selon la procédure suivie en cas brulures importantes. "Les médecins ne se prononçaient plus et attendaient une évolution de la situation et elle n'a pas résisté à ses blessures", a déclaré mardi le magistrat, confirmant une information de La Voix du Nord.
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Des problèmes de voisinages
Tassadit avait déjà fait parler d'elle en 2004. A l'époque, la mère de famille avait entamé une grève de la faim pour dénoncer la réforme des ASSEDIC. Elle assurait avoir perdu, de fait, quatre mois d'indemnisation. Depuis lors, elle était suivie par les services sociaux de la ville d'Hazebrouk.
Tassadit Menni filmée en 2004 par France 3 Nord-Pas-de-Calais :
Hazebrouck / immolation : la victime filmée en...par France3Nord-Pas-de-CalaisElle était également connue des services de police, bien que n'ayant aucun antécédent judiciaire. Tassadit entretenait des relations difficiles avec son voisinage : "des problèmes a priori anodins, de menaces, d'injures qui prenaient pour elle une dimension importante et peut-être disproportionnée", selon le commandant Thierry Courier, chef de la circonscription de police d'Hazebrouck.
"Je sentais qu'elle était à bout"
Au lendemain de ce geste de désespoir, son fils Jonathan, qui décrit sa mère comme "forte de caractère, fragile de santé, mais pas psychologiquement", s'était confié aux caméras de France 3. "Je sentais qu'elle était à bout et qu'elle allait faire une bêtise tôt ou tard", avait-t-il expliqué. Pour Jonathan, les appels à l'aide de sa mère n'ont pas été pris au sérieux : " la police, la mairie, le maire, le Cottage (administration HLM), tout le monde était au courant, mais personne n'a rien fait".
Jonathan évoque le geste de sa mère sur France 3 Nord-Pas-de-Calais :
Hazebrouck / immolation : le témoignage du filspar France3Nord-Pas-de-Calais"C'était des agressions, des insultes, des détériorations de ses biens", a-t-il raconté. En réaction, elle avait déposé des centaines de mains courantes et de plaintes, "elle a écrit des courriers au procureur, elle avait tout fait", a encore expliqué Jonathan. "On en est arrivé à un point où on allait même plus au commissariat d'Hazebrouck, on savait que cela ne servait à rien", a-t-il conclu.
L'enquête préliminaire qui avait été ouverte pour recherche des causes des blessures graves devrait être prochainement classée sans suite, faute d'éléments. Le procureur de Dunkerque a expliqué que celle-ci n'avait pas permis "de savoir vraiment ce qui s'est passé et comment elle a préparé son geste.