Internet, promesse de vie éternelle

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Avec les réseaux sociaux, nous ne disparaissons pas totalement. Que reste-t-il vraiment de nous?

Et si nous avions trouvé le moyen de ne jamais mourir ? En tout cas, celui de ne jamais disparaître vraiment. Car si la mort physique est inévitable, la mort de notre identité virtuelle, elle semble ne pas être au programme.

De nombreuses pages Facebook, par exemple, restent en ligne alors que l’utilisateur est, lui, décédé. Certains proches, famille ou amis, transforment les profils de leurs défunts en page "mémorial" où chacun peut laisser ses messages d’hommage, voire s’adresser directement au disparu.

La "e-pierre tombale"

"Ces pages ne sont en fait qu’une "e-pierre tombale", une pierre tombale virtuelle, qui s’inscrit dans le processus de deuil », analyse le philosophe Vincent Cespedès. "On dépose un message sur le "mur" comme d’autres déposent une gerbe de fleurs sur une tombe", ajoute-t-il. Un point de vue partagé par Christophe Fauré, psychiatre, spécialiste du deuil, "c’est sain de continuer à s’adresser directement au défunt", note le psychiatre, "cela fait partie du deuil, que les messages soient écrits dans une lettre ou sur une page Facebook, le processus est le même".

Et il n’y a pas que sur Facebook que les morts continuent à vivre. Le site MydeathSpace recense tous les comptes de personnes inscrites sur Myspace qui sont décédées. Dans le jeu vidéo "Second Life", les détenteurs d’un compte peuvent envoyer, de leur côté, un message aux administrateurs pour que leur personnage continue à vivre sa vie dans l’univers virtuel, après leur mort.

Mon avatar n’est pas moi

Virtuellement, nous continuons à exister. Mais nos avatars nous ressemblent-ils vraiment ? "Notre avatar, notre profil Facebook, ne sont qu’une identité virtuelle narrée par nous même", rappelle le philosophe. Une fois mort, il n’y a que l’identité virtuelle qui perdure sur le web. Un peu comme si un autre continuait à vivre à notre place en ligne.

Mais Vincent Cespédès se veut quand même rassurant. "Si Internet répond à notre fantasme de ne jamais être oublié, notre véritable souvenir, lui, ne perdure qu’à travers la mémoire de ceux avec qui nous avons partagé des expériences dans la réalité".