Après 17 ans d'attente, dont douze pour cause d'immunité présidentielle, Jacques Chirac sera fixé sur son sort le 15 décembre prochain. C'est à cette date que les magistrats de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris rendront leur jugement dans l'affaire des emplois présumés fictifs de la Ville de Paris. Vendredi, au dernier jour du procès, l'ancien maire a nié, par la voix de ses avocats, avoir commis une faute.
Jacques Chirac, "un citoyen comme un autre"
Jean Veil, le premier des quatre conseils de Jacques Chirac à prendre la parole, a d'abord lu une déclaration que Jacques Chirac avait pensé faire lors du procès initialement prévu en mars dernier, mais retardé à cause d'une QPC. L'ancien maire de Paris, dispensé d'assister au procès en raison de son état de santé, s'y présente comme un "citoyen comme un autre", même si "ce procès constitue à titre personnel un moment particulièrement cruel".
"Il n'y a pas deux Chirac. Il n'y a qu'un homme fait d'un bloc de sang, de chair et de principes. J'étais le maire, j'étais le chef, c'est à moi et moi de seul d'en prendre la responsabilité. Ce procès montrera que je n'ai rien fait qui soit contraire à la probité ou à l'honneur. J'affirme n'avoir commis aucune faute, ni pénale ni morale", écrit encore Jacques Chirac.
"Un homme blessé par la vie"
Un argumentaire repris ensuite par les avocats de Jacques Chirac. "Qui connaît Jacques Chirac ? Derrière la Corona, la tête de veau, les gauloiseries, la prétention d'aimer la musique militaire, il faut creuser profond pour voir qui est cet homme et on ne trouve pas toujours", a dit de lui Me Veil. Il l'a ensuite décrit comme "un intellectuel, qui lit Saint-John Perse à l'Assemblée", "Un homme blessé par la vie, par la maladie de sa fille [sa fille Laurence a été anorexique, ndlr] - une maladie qui fera qu'il sera toujours attentif aux autres".
"Pour la première fois peut-être, on juge un ancien président de la République. Votre responsabilité morale et politique est immense. Votre jugement sera la dernière image donnée de Jacques Chirac. Vous transformerez la vie de Jacques Chirac en destin", a ensuite dit aux quatre juges Georges Kiejman.
"Il faut savoir qui vous vous apprêtez à condamner"
Me Kiejman, le dernier avocat à prendre la parole après trois semaines d'audience, s'est attaché à retracer le parcours de Jacques Chirac, puisqu'"il faut savoir qui vous vous apprêtez à condamner, et ce que vous allez condamner avec lui". "Il a quand même occupé 50 ans de notre univers politique", a rappelé Me Kiejman.
"Que vous le vouliez ou non, on vous demande de juger l'ancien maire de Paris. Mais celui que vous serez tentés de juger, c'est l'ancien Président de la République", a conclu Me Kiejman. "Vous ne pourrez pas rabaisser Jacques Chirac, sans rabaisser la France. Et si vous avez des doutes, nom d'un chien, laissez parler ces doutes !", a-t-il lancé.