BOULEVERSEMENT. C'est une situation jusque-là inédite. Jacques Maire, définitivement acquitté en 2008 pour le meurtre de Nelly Haderer, se retrouve depuis jeudi désigné par son ADN, 27 ans après les faits. Le principe intangible de "l'autorité de la chose jugée", bloque toute nouvelle procédure à l'encontre de Jacques Maire. Europe 1 s'est rendue jeudi dans le quartier de la banlieue de Nancy où vit Jacques Maire à la rencontre de l'homme et de son voisinage.
"Méfiez-vous de l'eau qui dort". Dans le petit immeuble résidentiel où Jacques Maire habite avec sa compagne, la plupart de ses voisins ignoraient jusque-là tout de son passé. Ils ont découvert la nouvelle avec stupeur jeudi dans les médias. Ceux qui le connaissent quelque peu parlent d'un homme bien, d'un voisin discret et agréable. Mais avec ces révélations, le regard de certains risque de changer. Une de ses voisines confie au micro d'Europe 1 qu'elle était très loin de s'en douter. "On ne connait pas de gens comme ça, je ne sais pas. On ne dirait pas", assure-t-elle. "Pourtant, il est bien souriant, bien poli et il parle bien avec moi. On dit toujours 'méfiez-vous de l'eau qui dort'", commente la voisine qui a reçu jeudi un coup de téléphone de ses enfants pour lui dire de faire attention.
Un retour récent dans la région. Déjà en 2008, au moment de son acquittement définitif, Jacques Maire avait essuyé les regards suspicieux de ses voisins. A l'époque, l'homme avait fui en changeant de département pour s'installer dans les Vosges. Mais il est finalement revenu il y a quelque temps, à quelques kilomètres à peine du lieu où avait été retrouvé le corps de Nelly Haderer, il y a 27 ans. Agé d'une soixantaine d'années aujourd'hui, l'ancien maçon, en invalidité suite à deux infarctus, ne travaille plus et reconnait que cette affaire continue de le hanter.
"Tout a été dit aux assises". "On y pense tout le temps que ce soit à la maison ou à la pêche", confie-t-il au micro d'Europe 1. "Et en plus on recommence, on me sort des ADN". "Je suis dans le journal, exposé à tout le monde depuis 1994. Vous vous rendez-compte ?", a-t-il lancé avant d'affirmer avec force : "tout a été dit aux assises, je n'ai pas à me cacher". Vivre le plus normalement possible, sans s'inquiéter pour sa sécurité, c'est ce que Jacques Maire confie désormais vouloir faire. L'homme raconte par exemple que jeudi matin, en entendant la nouvelle, il est simplement allé acheter son journal comme d'habitude.
ZOOM - Affaire Nelly Haderer : le jour où tout a changé
LA RÉACTION - mis en cause par son ADN, Jacques Maire redit son innocence
POINT DE VUE - "il faut modifier le code de procédure pénale"
L'INFO - Meurtre de Nelly Haderer : l'ADN désigne le suspect acquitté