Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, interrogé sur des divergences avec Nicolas Sarkozy sur la question du génocide arménien, a une nouvelle fois cité jeudi Jean-Pierre Chevènement: "un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s'en va". "J'ai dit un jour que j'avais fait mienne la maxime de Jean-Pierre Chevènement: 'Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s'en va'. Donc je suis dans une situation où je ferme ma gueule... sur ce point très particulier que vous avez évoqué", a déclaré M. Juppé qui répondait à une question d'un intervenant, lors d'un petit déjeuner de la Fondation France-Israël au Quai d'Orsay.
Alain Juppé cite à l'envi cette phrase de Jean-Pierre Chevènement. C'était le cas mercredi soir devant les étudiants de Sciences-Po ou quelques semaines plus tôt devant les députés. Jean-Pierre Chevènement, qui a démissionné à trois reprises (1983, 1991, 2000) de gouvernements socialistes auxquels il participait, est l'inventeur de cette phrase restée célèbre: "Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l'ouvrir, ça démissionne".
Lors du Conseil des ministres mercredi, le président Nicolas Sarkozy, promettant un nouveau texte punissant la négation du génocide arménien en cas de censure constitutionnelle de la loi votée le 23 janvier, a reproché aux ministres en désaccord avec la loi - Alain Juppé et Bruno Le Maire (Agriculture) - de "ne pas voir plus loin que le bout de leur nez", selon des participants. "Il n'y a pas de divergences au sein du gouvernement puisque, de toute façon, quand il y a des divergences, c'est le président qui préside et le Premier ministre qui décide", a encore dit Alain Juppé jeudi.