"C'était quelqu'un de gentil, de doux, de souriant. Je suis réellement tombée amoureuse de lui après le mariage." C'est bien de Mohamed Merah, l'homme qui a tué à bout portant trois enfants, un homme, et trois soldats en uniforme en mars dernier, dont Hizia parle.
Interrogée par Le Point, la jeune femme, âgée 18 ans, fut l'épouse de l'islamiste pendant deux semaines. Religieuse devenue pratiquante "d'elle même" à 17 ans après un voyage en Algérie, portant le niquab, elle se marie religieusement avec Mohamed Merah le 15 décembre 2011. "Je ne l'avais jamais vu auparavant. Nous nous sommes fréquentés une quinzaine de jours et sa façon d'être me plaisait", raconte-t-elle dans les colonnes de l'hebdomadaire.
"Je le comparais à un bébé"
Hizia quitte immédiatement le foyer familial et vit recluse dans l'appartement du tueur de Toulouse, qui ne veut pas qu'elle voit d'autres hommes. "Nous passions notre temps à jouer à la PlayStation, à Call of Duty en réseau et à Need for Speed. On regardait Les Simpson ensemble, il parlait beaucoup et avait besoin qu'on l'écoute, il avait besoin d'amour et je le comparais à un bébé".
Mais le "bébé" passait peu de temps à la maison. Selon des témoignages de ses anciennes fréquentations, il travaillait au noir, jouait au foot ou sortait beaucoup en boîte de nuit. "Avec le recul, j'ai l'impression qu'il cherchait à se marier pour avoir une couverture et faire plaisir à sa mère", témoigne celle qui, selon le Point, peine à réaliser qui était vraiment son ex-mari.
Hizia assure tout ignorer des voyages de Mohamed Merah en Afghanistan et au Pakistan ou d'une quelconque formation au djihad. Simplement évoque-t-elle le fait que la foi était souvent présente dans leurs conversations, et que "Mohamed" connaissait bien le Coran.
"Mohamed voulait être discret, pas par pudeur"
Pourtant, quelques détails avaient attiré son attention. "Mohamed refusait d'aller à la mosquée, ni même que j'y aille seule. Il disait ne pas vouloir se faire remarquer. Il m'a dit avoir ses raisons sans les préciser. J'aurais aimé qu'il porte la tenue traditionnelle de notre foi et la barbe, mais il ne voulait pas, pour être discret. Mohamed était fier de sa foi, et ce n'est pas par pudeur qu'il voulait être discret", se rend elle compte aujourd'hui.
Le 2 janvier, Mohamed Merah la dépose devant le domicile de ses parents. Il demande le divorce. Le 22 mars, après 30 heures d'assaut devant son ancien appartement désormais sous les yeux des caméras, son ex-mari est abattu par les hommes du RAID.
"Selon notre foi en cas de divorce, si l'on veut revivre ensemble sans repasser devant l'imam, il faut le faire avant la fin de la 3e période menstruelle de la femme, commente Hizia. La mienne s'est finie la veille du décès de Mohamed. De ce fait, dans mon esprit, j'ai perdu mon mari".