Sa carrière a basculé le 24 février dernier. Ce soir là, le couturier britannique John Galliano est interpellé dans un bar du Marais en état d'ébriété. Il vient de se disputer avec un couple qui l'accuse de l'avoir insulté. Mercredi, il sera jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour injures à caractère racial ou religieux. Son avocat devrait plaider la dépendance à l'alcool et aux médicaments pour rejeter les accusations d'antisémitisme.
Une seconde plainte pour une affaire antérieure
L'affaire a fait boule de neige et une femme de 48 ans, qui assure avoir été aussi insultée par John Galliano dans le même bar en octobre 2010, a à son tour porté plainte. Elle dit n'avoir pas souhaité dénoncer ces insultes à l'époque, estimant que les propos du couturier étaient la conséquence d'une consommation excessive d'alcool. Mais elle aurait finalement décidé de dévoiler ce précédent après avoir été informée de cette nouvelle altercation.
Après ce double scandale, l'enfant rebelle de la mode avait été licencié de son poste de directeur artistique de la maison Dior, peu friande de ce genre de publicité. Il a également été écarté de sa propre marque. Depuis, "il ne fait rien", assure son avocat, Me Aurélien Hamelle. "Il envisagera son avenir professionnel" après le printemps, assure-t-il.
Des associations antiracistes parties civiles
Lors d'une audience de procédure, le 12 mai, plusieurs associations antiracistes - la Licra, le Mrap et l'UEJF - se sont constituées partie civile aux côtés des trois victimes, le couple et la femme de 48 ans. John Galliano a d'ores et déjà annoncé qu'il serait présent à l'audience.
Cinq personnes devraient venir témoigner, dont trois en sa faveur, notamment deux jeunes filles qui étaient assises à ses côtés le soir de l'altercation du 24 février et qui, elles, n'auraient pas entendu de propos antisémites.
Le couturier "dépendant à l'alcool" et aux médicaments
L'avocat du couturier entend plaider que son client ne se contrôlait plus du fait de ses addictions. "Si une chose est claire, c'est que John Galliano était malade. Il était triplement dépendant à l'alcool, aux benzodiazépines et aux somnifères. L'effet combiné de ces produits est un état d'abandon total", a justifié Me Hamelle.
"Il ne maîtrisait rien de ce qu'il disait" :
"Lorsque vous avez une grande réputation vous avez également une plus grande responsabilité et vous devez faire plus attention à ce que vous dites que d'autres," estime pour sa part l'avocat des victimes, Me Yves Beddouck.
John Galliano, qui reconnaît les faits, encourt en théorie une peine pouvant aller jusqu'à six mois d'emprisonnement et 22.500 euros d'amende, mais la jurisprudence prévoit plutôt des amendes simples.