C’est le jour J pour Autolib'. Le système de location de voiture en libre-service entre lundi entre en scène à Paris et dans une quarantaine de communes alentour. Pour commencer, 250 Blue car électriques, construite par le groupe Bolloré, seront mises en circulation. Viendront ensuite 100 nouvelles voitures par jour, pour arriver à 3.000 exemplaire à la fin de l’année 2012.
Les Autolib' vont-elles faire abandonner leurs voitures aux Franciliens ? Les avis sont partagés. C’est une bonne idée, surtout quand il pleut", estime une habitante de la capitale interrogée par Europe 1. "Au lieu de prendre un vélo, on prendra l’Autolib", ajoute-t-elle. Un autre Parisien se montre plus circonspect : "On peut pas circuler dans Paris", estime-t-il. "Je me demande ce qui se passer le dimanche matin quand tous les fêtards auront utilisé leur Autolib", renchérit un autre Parisien.
Un pari risqué
Reste que la France est le premier pays au monde à tenter cette expérience. Et le laboratoire parisien intéresse beaucoup les autres grandes villes françaises, comme Lyon notamment, mais aussi étrangères, comme Londres ou même des villes brésiliennes.
Mais, si personne ne s'est encore lancé jusqu’à présent, c'est que le pari n’est pas gagné d’avance. Les modalités pratiques sont les suivantes : il faut d’abord s'abonner, sur internet ou à une borne interactive aux stations Autolib. L’abonné est ensuite mis en relation avec un téléconseiller qui aide à scanner la carte d'identité ou le permis de permis de conduire de l’usager. Celui-ci n’a plus ensuite qu'à se mettre au volant.
800 personnes recrutées pour réguler le trafic
Pour le prix, l’abonnement est fixé à 144 euros l'année, 15 euros la semaine et 10 euros la journée. Ensuite, l’usager doit payer le temps de trajet. Ce qui fait, globalement, un coût de 22 euros de l'heure en forfait journée et dix euros pour les abonnés à l'année.
La principale difficulté résidera effectivement dans le fait d’avoir une voiture à son point de départ et de trouver une place à son point d’arrivée. Le succès d'Autolib dépendra sans doute en partie de cette question de fluidité. Mais la mairie de Paris et Bolloré ont anticipé : plus de 800 personnes vont être embauchées pour réguler le trafic : leur travail consistera au quotidien à enlever des voitures dans les stations pleines pour les mettre dans les stations vides.
Un service "non polluant et silencieux"
Si le concept fonctionne, il pourrait représenter un concurrent de taille pour les taxis et les loueurs de voitures. Du côté de la Mairie de Paris, la question ne se pose pas. "C’est un service qui, comparé à d’autres coûts et notamment à celui de posséder une voiture, est beaucoup moins cher", explique Annick Lepetit, adjointe au maire en charge des transports. "C’est un service qui vient en complément de ce qui existe déjà, et il a l’avantage d’être non polluant et silencieux", ajoute Annick Lepetit.
"Un service qui vient en complément de ce qui existe déjà" :
Le point de vue est radicalement différent chez les chauffeurs de taxi. A l’instar des loueurs de voitures, ils dénoncent une concurrence déloyale. Pour y remédier, le syndicat des loueurs de voitures a déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris. "Il y a concurrence déloyale puisqu’il a eu transformation du cahier des charges initial", soutient Christophe Plonévez, le président de ce syndicat. "Ce n’est ni plus ni moins que de la location de véhicules sur des places avec un humain qui vérifie l’état de départ et l’état de retour", ajoute-t-il.
"Il y a concurrence déloyale" :
Toutefois, même avec des aides publiques, cela reste un pari risqué pour le groupe Bolloré. Celui-ci ne prévoit pas d'être rentable avant sept ans. Pour rentrer dans ses frais, il lui faudra 80 000 abonnés. Mais, en réalité, le véritable objectif de Bolloré, ce sont les batteries de ses voitures. Autolib' sera avant tout une superbe vitrine pour montrer que la batterie façon Bolloré fonctionne mieux celle de ses concurrents.