Est-on également responsable des actes d’un proche que l’on a laissé prendre le volant en état d’ivresse ? Cette question est au cœur du procès qui se tient mardi devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. Après deux classements sans suite, ce procès, est l’aboutissement d’un long combat pour les parents d’une jeune femme tuée par un chauffard ivre, lui aussi tuée dans l'accident, en 2012. Ils veulent désormais que soit reconnue la responsabilité de l'ami du chauffard qui l'a accompagné dans sa beuverie et qui ne l'a pas empêché de prendre le volant.
>> Mise à jour le 20.01 à 17h20 : "Doit-on exiger de tout citoyen qui se retrouve seul un soir avec quelqu'un qui a bu et qui veut prendre le volant, qu'on est soi-même ivre, doit-on exiger de tout mettre en oeuvre, y compris à ses risques et périls, pour l'empêcher de conduire ?", a questionné la représentante du ministère public, sans requérir de peine et laissant le soin au tribunal d'"apprécier". Le jugement a été mis en délibéré au 10 mars.
2,31 grammes d’alcool par litre de sang . Charlotte avait 23 ans. En cette nuit d’avril 2012, elle se trouve sur la route d’un chauffard complètement ivre, avec 2,31 grammes d’alcool par litre de sang. L’homme roule à contre-sens sur la voie express Saint-Nazaire-Nantes. Le choc est effroyable. Bilan : deux morts et un blessé grave.
L’ami responsable d’"homicide involontaire" ? Depuis plus de deux ans, les parents de la victime se battent pour que l’ami de beuverie du conducteur soit déclaré responsable d’"homicide involontaire" de façon indirecte. "Il y a eu une alcoolisation qui s’est déroulée toute une après-midi, toute une soirée et tardivement. Deux amis ont décidé de se saoûer alors qu’il fallait que les deux personnes rentrent à leur domicile, dont une avait un trajet de plusieurs dizaines de kilomètres", raconte au micro d’Europe 1, le père de Charlotte, Pierre Lagache.
"Face à une personne qui est très fortement alcoolisée, on est quasiment dans une situation de ‘non-assistance à personne en danger’ si l’on n’intervient pas pour que cette personne ne prenne pas le volant", poursuit le papa. "Il faut que cette faute soit sanctionnée parce qu’elle est trop lourde de conséquences. On parle de morts : deux morts et un blessé. S’il avait agi, sans doute que son ami et Charlotte seraient encore en vie".
Pour sa défense, l’ami du chauffard argue qu’il avait proposé d’héberger ce dernier. Le procès confirme en tout cas l’évolution récente de la jurisprudence en la matière.