C'est une révélation embarrassante pour Brice Hortefeux en marge de l'affaire Karachi. L'ancien ministre de l'Intérieur a appelé le 14 septembre Thierry Gaubert pour le prévenir que son épouse, la princesse Hélène de Yougoslavie, entendue le 8 septembre à la demande du juge Renaud Van Ruymbeke, "balançait" trop, selon des interceptions téléphoniques révélées vendredi par le journal Le Monde et confirmées par Brice Hortefeux lui-même à Europe 1.
"Ce que j'ai dit à Thierry Gaubert circulait déjà dans la presse. Je n'ai fait que lui rapporter des rumeurs de presse", a insisté Brice Hortefeux sur Europe 1. "J'avais la tonalité mais pas le détail", a précisé l'ancien ministre en soulignant que sa source n'était aucunement policière et qu'il n'avait pas eu accès au PV d'audition.
"Elle balance beaucoup"
Le site du quotidien Le Monde a publié vendredi matin le contenu de cet échange téléphonique dont voici la retranscription. "Elle balance beaucoup apparemment Hélène", avance Brice Hortefeux dans ces enregistrements. "Qu'est-ce que tu as comme infos là-dessus, toi, parce qu'elle me dit qu'elle dit rien", répond Thierry Gaubert. "Ça m'embête de te le dire par téléphone […] Il y a beaucoup de choses hein", assure l'ex-ministre de l'intérieur. Je te raconterai, poursuit-il, mais ils ont énormément de choses […]. T'as eu Bazire, parce que visiblement il est lui dedans dans cette histoire."
Selon Hélène Gaubert, son mari, dont elle est actuellement séparée, a accompagné en Suisse l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intermédiaire dans des contrats d'armement, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets" durant la période 1994-95. Et, toujours selon elle, c'est Nicolas Bazire qui récupérait ces "mallettes" en France.
Deux coups de fil en quelques jours
Cette conversation téléphonique entre Brice Hortefeux et Thierry Gaubert n'est pas la seule. L'ancien ministre a aussi reconnu l'avoir eu au téléphone pendant sa garde à vue. Il a indiqué qu'on lui avait dit que "Thierry Gaubert n'allait pas bien". "Comme vous le savez, c'est un ami. Je l'ai donc appelé le lendemain pour avoir de ses nouvelles. Je ne savais pas qu'il était en garde à vue. Quand il a décroché, c'est lui qui me l'a dit", a déclaré à l'AFP l'ancien ministre de l'Intérieur.
"Je ne sais pas pourquoi il avait son téléphone avec lui en garde à vue, mais il se trouve qu'il a répondu. C'est la preuve que je n'ai jamais eu accès à aucun élément du dossier" de l'enquête sur l'affaire Karachi "puisque je n'étais pas au courant", a ajouté Brice Hortefeux.
Thierry Gaubert, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen mercredi par le juge Renaud Van Ruymbeke. Il a reconnu avoir ouvert des comptes bancaires destinés à accueillir des fonds non déclarés provenant de Ziad Takieddine.